Barcelona 70.3, c’est un semi-Ironman: 1,çkm de natation, 90km de vélo, et 21km de course à pieds, un semi marathon.
Tentative de qualification pour les Mondes pour moi, et surtout le premier essai pour Jean-Michel sur cette distance. . Pour la qualif, il faut que je sois dans les 5 premiers de ma catégorie d’age. L’an passé, c’est passé à 5h01 - parcours exigeant en vélo.
Et pour ceux qui ne connaissent pas Jean-Michel, nous sommes proches amis depuis 1984... quand nous sommes rentrés ensemble en sport-étude à Font-Romeu. Il a commencé le tri l’an passé.
Superbes retrouvailles, anciens nageurs, excellents amis. |
Et pour continuer sur le volet amitié, nous avons également vu Nicolas Granger, et son épouse Nathalie. Elle fait la course et Nicolas encourage.
On connaît Nicolas d’avant même Font-Romeu: il était super fort déjà, a fait des Equipes de France en natation. Puis il a dû affronter plusieurs batailles contre le cancer! Il est revenu à la natation en Masters pour devenir l’un des nageurs les plus reconnus au monde!!! Mais pour nous, c’est Nicolas.
Autres rencontres, Thomas du forum Bref, je fais du triathlon sur Facebook et un jeune couple belge Matthieu et Emmanuelle.
On connaît Nicolas d’avant même Font-Romeu: il était super fort déjà, a fait des Equipes de France en natation. Puis il a dû affronter plusieurs batailles contre le cancer! Il est revenu à la natation en Masters pour devenir l’un des nageurs les plus reconnus au monde!!! Mais pour nous, c’est Nicolas.
Autres rencontres, Thomas du forum Bref, je fais du triathlon sur Facebook et un jeune couple belge Matthieu et Emmanuelle.
La course
Mes parents ont fait le déplacement. Ils nous retrouvent à l’appartement juste avant que l’on ne parte au parc à vélo, vers 5h30.
Krisztina est un peu fébrile - c’est la première fois qu’elle assiste à une telle course: 2400 participants individuels et 600 pour les relais.
J’enfile mon costume du jour: short, le haut de tri et par dessus la veste vélo, ainsi que des manchons pour les bras. Ca va cailler sur le vélo.
Il fait 12 deg.
Jean-Michel enfile sur uniforme et chausse de suite la combi, le bas.
Je remets 15 couches par dessus pour être bien chaud et ne pas commencer la course en ayant déjà froid.
Mes parents ont fait le déplacement. Ils nous retrouvent à l’appartement juste avant que l’on ne parte au parc à vélo, vers 5h30.
Krisztina est un peu fébrile - c’est la première fois qu’elle assiste à une telle course: 2400 participants individuels et 600 pour les relais.
J’enfile mon costume du jour: short, le haut de tri et par dessus la veste vélo, ainsi que des manchons pour les bras. Ca va cailler sur le vélo.
Il fait 12 deg.
Jean-Michel enfile sur uniforme et chausse de suite la combi, le bas.
Je remets 15 couches par dessus pour être bien chaud et ne pas commencer la course en ayant déjà froid.
Tout en style pour aller rejoindre le parc à vélos |
On y va. Le ciel est clair, la météo prévue pourrie toute la semaine, s’annonce finalement bien, au moins jusqu’à la course à pieds. Le vélo étant technique par endroit, c’est beaucoup mieux sur le sec.
Les rues sont calmes, mais le flux d’athlètes et supporters vers le parc à vélo est déjà dense.
On arrive au parc, moment de laisser Krisztina - sur le tapis rouge, comme à Cannes. Un peu d’émotions. Je pars devant car j’ai une pause technique à faire avant toute chose...
Je retrouve Jean-Michel aux vélos. Dernier préparatifs. J’enlève la bâche qui a protégé le vélo de la pluie tombée pendant la nuit. Je mets l’eau et le comprimé d’électrolytes dans la gourde aéro. Je prends le vélo pour trouver le premier gars qui a une pompe. Il est ok pour me la prêter : je mets 9 bars.
Je repose le vélo, Jean-Michel finit de gonfler. Je prends quelques photos.
On est bien dans le timing. Et le soleil commence à pointer à l’horizon. Une belle journée...
On file sous la grande tente où sont les sacs de transition. 5000 à 6000 sacs suspendus.
On a de la chance car les nôtres sont au bout de l’allée ce qui nous permet d’avoir un peu d’espace.
Jean-Michel enfile le haut de la combi. Je l’imite. Je protège les zones sensibles avec la vaseline. Rien de pire que des brûlures d’irritation pendant une course.
Je range le pot dans le sac de course et on remet nos habits « civils » dans le sac blanc. On va le déposer à l’extérieur - l’organisation va les apporter à l’arrivée (endroit différent).
Les combinaisons néoprènes sont fermées, on se dirige vers le départ.
Cela va aller vite: les pros homme partent à 7h00, pro femmes à 7h01, les VIP à 7h02 et les premiers amateurs à 7h05. Un départ d’une petite dizaine de personnes toutes les 6 secondes. Ce n’est pas un départ en masse.
On trouve un coin tranquille et nous commençons l’échauffement à sec. Vu la température de l’eau (16 deg), on ne fera pas de passage préliminaire dans la mer.
On tourne les bras, on sautille, on rigole. Jean-Michel ne paraît pas stressé. Je lui dis que ça me rappelle les interclubs de faire ça avec lui aujourd’hui.
Un gars a besoin d’aide pour fermer sa combi. On échange quelques mots. Je me risque en espagnol très approximatif et finis avec du portugais qui revient au galop... Et il répond, en portugais, “mais comment savais-tu que j’étais brésilien?”. Non, non, je suis juste une cruche en langue. Mais du coup, on se fait un abraço, l’accolade brésilienne. Bonne course.
On retourne à notre gym matinale.
Je m’écarte un moment sur le bord. Je dois me soulager une dernière fois avant le départ... dans la combi. Jean-Michel n’en revient pas, il est mort de rire. (Mais il fera de même quelques minutes plus tard sur la plage).
On chausse les bonnets, crachent dans les lunettes, on les rince: on ferme les écoutilles.
Les pro viennent de partir, on va pouvoir aller dans les sas. Sub 25mn pour moi, le suivant pour Jean-Michel qui veut gérer tranquille.
Accolade avec Jean-Michel avant d’y aller. J’ai un pincement de cœur.
Le passage du portillon est compliqué: beaucoup de néoprène s’agglutine à la toute petite porte.
Je passe, Jean-Mi se retrouve un peu coincé. J’allais filer vers mon sas quand je vois Krisztina! Je fais signe à Jean-Michel, dès qu’il passe le portillon, on va la voir. Il nous reste 3 mn avant le départ.
Photo souvenir, quelques mots.
Je pars vers mon sas.
Je prévois de partir dans les derniers du groupe pour remonter un peu en natation et être davantage dans la bataille en vélo et course à pieds.
Mais le sas est bondé. Je réalise que la grande majorité ne va pas faire moins de 25mn. Ils veulent juste partir devant!
Je dois me faufiler vers l’avant. De l’extérieur, je progresse en diagonale - comme un crabe. Voilà, ici, ce n’est pas trop mal. En plein centre, au 5 ou 6ieme rang. Encore 1mn, 2mn max avant le départ.
Je regarde autour de moi. J’ai une féminine à côté de moi. Avec la combi, le bonnet et les lunettes, j’ai un doute. Mais je reconnais les boucles d’oreilles!
Nathalie!?
Incroyable, je suis venu me poser juste à côté de la femme de. Nicolas. On a dîné ensemble hier! Quelle coïncidence!
Quelques mots, et je ne sais plus comment, je repère mes parents qui eux aussi me voient! Je les montre à Nathalie: Nicolas est a priori juste à côté d’eux. (Ils se sont reconnus aussi).
Les bips commencent, une vague de compétiteurs toutes les 6 secondes.
Ca se bouscule, quelques gars s’incrustent. Je recule d’une ou deux vagues.
Le doigt sur le chrono, BIP, c’est parti! Je pars en courant, et décide vu le bazar déjà important au milieu. Je cours dans les petites vagues et plonge.
Premiers mouvements... ca va! Je craignais le pire pour la barre au sinus avec l’eau froide. Mais non.
C’est vraiment le bouillon à droite, ils ont l’air de bien se mettre dessus.
Je repère la bouée du virage pour tirer tout droit. Je me resserre progressivement vers la cohue sans y rentrer.
L’eau est relativement calme, j’ai de l’espace. Je remonte beaucoup de monde.
Au bout de quelques minutes, je fais une vérification sur la nage. Je suis tout en glisse. Je change de braquet pour tenir la distance et passer le 1er virage qui arrive bientôt.
Je sers davantage, et je tourne à 4 ou 5 m de la bouée.
Je continue à remonter et il y maintenant suffisamment d’espace pour que je puisse me mettre dans le flux. Voire prendre des pieds.
Je respire un peu n’importe quand. Je remets un peu de rigueur pour m’obliger à être efficace. En rythme toujours.
J’arrive sur un “grumeau”, un gros paquet de nageurs qui sont les uns sur les autres... Je ne vais pas faire l’extérieur. Je devrais arriver à me faufiler.
Les rues sont calmes, mais le flux d’athlètes et supporters vers le parc à vélo est déjà dense.
On arrive au parc, moment de laisser Krisztina - sur le tapis rouge, comme à Cannes. Un peu d’émotions. Je pars devant car j’ai une pause technique à faire avant toute chose...
Je retrouve Jean-Michel aux vélos. Dernier préparatifs. J’enlève la bâche qui a protégé le vélo de la pluie tombée pendant la nuit. Je mets l’eau et le comprimé d’électrolytes dans la gourde aéro. Je prends le vélo pour trouver le premier gars qui a une pompe. Il est ok pour me la prêter : je mets 9 bars.
Je repose le vélo, Jean-Michel finit de gonfler. Je prends quelques photos.
On est bien dans le timing. Et le soleil commence à pointer à l’horizon. Une belle journée...
On file sous la grande tente où sont les sacs de transition. 5000 à 6000 sacs suspendus.
On a de la chance car les nôtres sont au bout de l’allée ce qui nous permet d’avoir un peu d’espace.
Jean-Michel enfile le haut de la combi. Je l’imite. Je protège les zones sensibles avec la vaseline. Rien de pire que des brûlures d’irritation pendant une course.
Je range le pot dans le sac de course et on remet nos habits « civils » dans le sac blanc. On va le déposer à l’extérieur - l’organisation va les apporter à l’arrivée (endroit différent).
Les combinaisons néoprènes sont fermées, on se dirige vers le départ.
Cela va aller vite: les pros homme partent à 7h00, pro femmes à 7h01, les VIP à 7h02 et les premiers amateurs à 7h05. Un départ d’une petite dizaine de personnes toutes les 6 secondes. Ce n’est pas un départ en masse.
On trouve un coin tranquille et nous commençons l’échauffement à sec. Vu la température de l’eau (16 deg), on ne fera pas de passage préliminaire dans la mer.
On tourne les bras, on sautille, on rigole. Jean-Michel ne paraît pas stressé. Je lui dis que ça me rappelle les interclubs de faire ça avec lui aujourd’hui.
Un gars a besoin d’aide pour fermer sa combi. On échange quelques mots. Je me risque en espagnol très approximatif et finis avec du portugais qui revient au galop... Et il répond, en portugais, “mais comment savais-tu que j’étais brésilien?”. Non, non, je suis juste une cruche en langue. Mais du coup, on se fait un abraço, l’accolade brésilienne. Bonne course.
On retourne à notre gym matinale.
Je m’écarte un moment sur le bord. Je dois me soulager une dernière fois avant le départ... dans la combi. Jean-Michel n’en revient pas, il est mort de rire. (Mais il fera de même quelques minutes plus tard sur la plage).
On chausse les bonnets, crachent dans les lunettes, on les rince: on ferme les écoutilles.
Les pro viennent de partir, on va pouvoir aller dans les sas. Sub 25mn pour moi, le suivant pour Jean-Michel qui veut gérer tranquille.
Accolade avec Jean-Michel avant d’y aller. J’ai un pincement de cœur.
Le passage du portillon est compliqué: beaucoup de néoprène s’agglutine à la toute petite porte.
Je passe, Jean-Mi se retrouve un peu coincé. J’allais filer vers mon sas quand je vois Krisztina! Je fais signe à Jean-Michel, dès qu’il passe le portillon, on va la voir. Il nous reste 3 mn avant le départ.
Photo souvenir, quelques mots.
Je pars vers mon sas.
Je prévois de partir dans les derniers du groupe pour remonter un peu en natation et être davantage dans la bataille en vélo et course à pieds.
Mais le sas est bondé. Je réalise que la grande majorité ne va pas faire moins de 25mn. Ils veulent juste partir devant!
Je dois me faufiler vers l’avant. De l’extérieur, je progresse en diagonale - comme un crabe. Voilà, ici, ce n’est pas trop mal. En plein centre, au 5 ou 6ieme rang. Encore 1mn, 2mn max avant le départ.
Je regarde autour de moi. J’ai une féminine à côté de moi. Avec la combi, le bonnet et les lunettes, j’ai un doute. Mais je reconnais les boucles d’oreilles!
Nathalie!?
Incroyable, je suis venu me poser juste à côté de la femme de. Nicolas. On a dîné ensemble hier! Quelle coïncidence!
Quelques mots, et je ne sais plus comment, je repère mes parents qui eux aussi me voient! Je les montre à Nathalie: Nicolas est a priori juste à côté d’eux. (Ils se sont reconnus aussi).
Les bips commencent, une vague de compétiteurs toutes les 6 secondes.
Ca se bouscule, quelques gars s’incrustent. Je recule d’une ou deux vagues.
Le doigt sur le chrono, BIP, c’est parti! Je pars en courant, et décide vu le bazar déjà important au milieu. Je cours dans les petites vagues et plonge.
Premiers mouvements... ca va! Je craignais le pire pour la barre au sinus avec l’eau froide. Mais non.
C’est vraiment le bouillon à droite, ils ont l’air de bien se mettre dessus.
Je repère la bouée du virage pour tirer tout droit. Je me resserre progressivement vers la cohue sans y rentrer.
L’eau est relativement calme, j’ai de l’espace. Je remonte beaucoup de monde.
Au bout de quelques minutes, je fais une vérification sur la nage. Je suis tout en glisse. Je change de braquet pour tenir la distance et passer le 1er virage qui arrive bientôt.
Je sers davantage, et je tourne à 4 ou 5 m de la bouée.
Je continue à remonter et il y maintenant suffisamment d’espace pour que je puisse me mettre dans le flux. Voire prendre des pieds.
Je respire un peu n’importe quand. Je remets un peu de rigueur pour m’obliger à être efficace. En rythme toujours.
J’arrive sur un “grumeau”, un gros paquet de nageurs qui sont les uns sur les autres... Je ne vais pas faire l’extérieur. Je devrais arriver à me faufiler.
Je rebaisse la tête, et commence la gymnastique de passer des chicanes mobiles. Ca se passe plutôt bien. Sauf quand la personne est déboussolée, et part de travers : on improvise alors !
Dans la masse, je repère un gars qui envoie bien : il fait comme moi, il remonte. Toujours en naviguant, je me rapproche. La vache ! Il est en combi sans manche ! Brrrr, je commence à avoir froid rien que d’y penser.
Assez rapidement, il me dépose. Je n’arrive pas à suivre. Ce n’est pas grave, on est encore dans le 1er quart de la natation, il y a du temps. Et il y a de l’espace, maintenant que je suis ressorti de la machine à laver…
La ligne droite est longue, mais la prochaine bouée Ironman arrive enfin, on peut virer à droite, pour se rapprocher de la plage. Aucun problème, je passe à ras de la bouée et je relance.
Là, je réalise que l’on va avoir un problème APRES la prochaine bouée. Quand je respire à droite, j’ai le soleil rasant en plein dans les yeux. Au prochain virage, on l’aura en pleine face : la navigation sera compliquée.
En attendant, je repose la nage. Cadence, respiration un peu plus structurée, à peine des battements, le cœur va, et les abdos ne sont pas explosés. Tout va bien.
Virage, et soleil éblouissant pour une nouvelle longue ligne droite. Je ne me tracasse pas trop, je vise l’écume des quelques gars devant. Ca le fait bien.
Je passe encore quelques personnes, mais c’est maintenant très tranquille.
Mais d’un coup, j’ai les 2 mains qui me font le coup du froid – elles se raidissent, je ne contrôle plus mes doigts – je fais le signe de Spok sous l’eau. Je tente de fermer / ouvrir les poings dans la partie aérienne pour remettre la main en cuillère sous l’eau. Après quelques minutes, la situation redevient normal – ouf. Mais ce n’est pas de bonne augure pour la transition, pour enfiler les chaussettes…
Un gars me double. Wow, il arrive tard. Je tente de lui prendre les pieds, mais il est trop rapide – je n’ai pas assez de conditions physiques en natation pour me dépouiller maintenant. Patience. Il file.
Dernière bouée, je vire vers la plage. Je rends compte que j’ai 2 ou 3 gars dans les pattes. Ils font comme ceux qui sont devant, le premier passe à droite, il me remonte. (ceux devant sont trop à droite par rapport à la sortie – je suis content de ma navigation).
Même si je n’ai pas de problème à le laisser sprinter, j’accélère aussi car je commence à mettre les jambes, histoire de les remettre en service avant la sortie de l’eau.
On se tire la bourre. Gentiment, pour ma part. L’arche de sortie approche, j’allonge mes mouvements, augmente encore un peu le battement. On y est.
Je me redresse dès que les mains frottent dans le sable – c’est blindé de monde.
Lunettes remontées sur le front, je commence à courir avec mon acolyte. Une tape dans le dos, un mot sympa, et je le passe. Beaucoup d’encouragements. Krisztina, je crois entendre.
Je défais le haut de la combi après avoir déclenché le chrono à proximité du tapis.
Il est content |
Même pas froid |
Je vois mon père, juché sur un mur, j’entends ma mère. J’arrive à la tente, mes bras sont « démoulés » de la combi.
Je prends mon sac de transition, et vide le contenu sur le banc. Personne autour de moi car nous sommes regroupés par catégorie…
J’enlève la combi complètement, et remets lunettes & bonnets dans le sac, ainsi que la combi.
Je prends ma petite serviette pour sécher grossièrement les pieds avant l’enfilage à haut risque des chaussettes. Ca passe pour le pied droit. Ouf. Pied gauche pareil. Ouf. (j’avais galéré il y a 2 semaines avec des chaussettes de compression avec les mains gelées…).
Le casque sur la tête, je mets les chaussures (alors qu’habituellement je les laisse sur le vélo) pour ne pas avoir à le faire dans la partie dangereuse / technique du début de vélo. Je raccroche le sac, prends les gants et c’est parti.
Je « cours » vers le parc à vélo – pas facile avec les chaussures de vélo… Peu de monde autour de moi, R-S, ce sont les lettres des allées de vélo entre lesquels je dois entrer. Je poursuis mon chemin, personne autour de mon vélo. Je le repère facilement (ne pas se tromper d’allée – ça aide). J'ai juste à le prendre, et partir en courant avec vers la sortie du parc.
Je cours toujours avec les chaussures de vélo. Pas simple, mais comme expliqué vendredi au brief, c'est de la pelouse synthétique: même pas mal!
Je rejoins le tapis rouge vers la sortie, mais on repasse sur le trottoir et là, ça devient vraiment limite pour rester debout en tenant le vélo.
Enfin! J'arrive à la ligne pour enfourcher la Bach.Mobil, mon tout nouveau vélo. J'ai seulement dû passer 3 ou 4hr dessus depuis que je l'ai, dont 2h30 sur le home trainer. C'est loin d'être idéal, d'autant que le parcours sera technique par endroit.
Transition 1 : 3mn41. Pas trop mal.
Le vélo
On file le long de la voie ferrée. Je me rends compte que j’ai un problème avec le chrono : au lieu de déclencher la transition, j’ai arrêté le chrono. Je le relance, simule une transition factice, et me revoilà dans le menu vélo. On passe sous la voie ferrée.
Je me retrouve derrière une féminine, dont le short est tellement transparent qu'il n'y plus place pour l'imagination... Je double, il faut rester concentrer!
Une autre féminine, une anglaise. Tate, c’est son nom – c’est écrit… sur son derrière ! On est reparti le long de la voie ferrée de nouveau, mais vers le sud maintenant. Et tous les 50m, dos d'ane viril. Et la route est assez étroite. Pas facile de doubler, surtout quand Tata commence à éjecter sa gourde aéro sur les bosses. Pas de bol pour elle - ça coûte une blinde, et j'espère qu'elle a prévu une autre gourde.
Je double.
Encore des virages dans tous les sens - nous n'avons pas le droit de nous mettre dans la position aéro sur cette portion. Je suis assez content car je ne perds pas ou peu de terrain vs. les autres gars.
On rejoint la route principale, le vélo commence vraiment.
Belle route côtière, le bitume est nickel. On l'avait testé hier avec Jean-Michel. Je passe de suite en position aéro. Comme le moteur (les jambes!) n'est pas au top, il faut optimiser l'aéro pendant tout le parcours.
Je suis surpris, rares sont les mecs qui doublent. Je pensais me faire reprendre par des wagons. Mais pour l'instant, c'est relativement calme.
Virage à droite, on part vers l'arrière pays. Encore une fois, je sais que je n'ai pas beaucoup de watts mais je suis content d'aller affronter les 3 montées du parcours. Un vrai test.
Les uber bikers commencent à arriver, mais toujours de manière espacée. J'ai presque envie de croire que je ne roule pas si mal que cela.
J'ai commencé à boire de l'eau. Je suis content d'avoir pris les manchons pour les bras et surtout les gants. Il fait 12 degrés, et on est souvent à l'ombre (et les vêtements sont encore trempés).
Les jambes tournent bien, je suis en cadence, et appuie raisonnablement.
Le vélo fonctionne bien, le passage électrique des vitesses est vraiment bluffant. On ne se préoccupe plus de petit/grand plateau et des vitesses à l'arrière... Il gère tout seul. J'ai juste à choisir plus facile, ou plus dur. Et j'ai 2 boutons (+ / -) accessibles en position aéro, et 2 autres (les mêmes fonctions) à proximité des freins quand je me relève. Superbe.
La route monte, descend, part à gauche, à droite, c'est très varié, le cadre est superbe. C'est presque silencieux car nous avons la route pour nous - pas de voiture. Sauf à quelques endroits où la course passe sur une voie, et les voitures sur l'autre.
Je bois toujours. J'ai dû prendre 2 bouteilles d'eau au ravito car avec les gants j'ai laissé tomber la première devant le volontaire. J’ai mis la seconde dans le porte bidon à l'arrière.
Je commence à manger aussi. Barre énergétique. J'en ai 3, une par 30 km approx. Et je finirai par un gel avant de poser le vélo.
C'est raide, et frais au début |
Dans un raidillon, la femme appuie comme une brute sur les pédales. Elle doit être à 50 tours/mn de cadence, super bas. Elle tente d’entraîner un disque plein carbone... Peut-être pas le meilleur choix sur parcours à fort dénivelé. Je l'encourage, elle me répond qu'elle est congelée. Elle n'a qu'une trifonction - pas de veste, pas de gant.
Encore une fois, je suis content de mon petit confort.
Passage dans un village, descente, dos d’âne et montée... J'entends un bruit derrière moi: ma bouteille d'eau vient d'être éjectée!
Heureusement, ma gourde aéro est toujours là, sécurisée par du scotch - elle n'ira nul part! Le prochain ravito est dans une quinzaine de km je crois, ça va aller.
Le premier col passe bien, parfois en se mettant sur le pignon le plus facile, mais ça passe bien.
Quand je me fais doubler, je surveille le numéro de dossards des gars : entre 2100 et 2500, ce sont des concurrents directs. Je me rends compte que certains gars en 300 ou 400 n'ont pas l'air d'avoir 25 ou 30 ans. Il doit y avoir des dossards spéciaux pour les AWA, les athlètes fidèles ou/et performants. Du coup, je perds le compte de mon placement dans la catégorie. Je dois déjà être au delà de la 5ième place maintenant.
La redescente n'est pas en ligne droite, mais je tente de relancer pour garder un effort constant par rapport à la montée.
On repart à la montée. Je gère, comme les autres. Chacun est à son allure, rares sont les fusées qui passent avec un gros écart de vitesse. Plutôt une bonne nouvelle pour moi.
La pente m'oblige à plusieurs reprises à me mettre en butée (rapport le plus facile) - cela m'inquiète pour la suite - je ne sais pas s'il y a des portions plus raides... L’anglaise du début de course me double d’ailleurs (celle qui avait perdu sa gourde). C’est pas génial pour le moral…
Cela fait un moment que j'ai envie d'uriner. Je suis surpris car c'est encore tôt. Je me dis que je me soulagerai après le second col, dans la descente (sans m'arrêter).
Mais rapidement, retenir devient douloureux - je dois traiter le problème rapidement.
Je tente de faire la chose en descente, mais elles sont trop courtes pour déclencher...
Et nous sommes en pleine ascension en fait. Et donc, sans trop savoir comment, j'arrive à me soulager, tout en pédalant en montée. Du jamais vu! Un niveau de relaxation champion du monde. En tout cas, ça soulage énormément et je peux me reconcentrer sur la gestion de la montée.
J'ai tendance à redoubler des gars dans les montées - ceux qui m'avaient passés sur le plat ou le faux-plat. Cela donne du baume au coeur. C'est important car on est à 40km, et je commence à trouver la montée longue - ça pique quand même!
Ca monte ! |
Autre souci, je viens d'assécher ma gourde. Et sans la bouteille, je risque de me déshydrater rapidement. Heureusement, il fait encore frais.
Il fait suffisamment frais pour que, malgré les gants, mon pouce gauche ait du mal à appuyer sur le passage de vitesse. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois, quasiment à chaque fois.
Ravito ! Ouf, c'est l'oasis. Maintenant, je ne peux pas me rater! je dois absolument arriver à saisir la bouteille. Du coup, je ralentis beaucoup, pour prendre la bouteille présentée par le volontaire (gracias). Je prends, il lache, la bouteille glisse à cause du gant, noooon!
J'arrive à la coincer contre la poitrine, en la tenant d'un doigt par le bouchon! Je repédale, je reprends la bouteille fermement, et la loge dans ma veste - je remplirai ma gourde sur une portion de route plus calme.
C'est fait, ouf. Je rebois, remange. Et passe enfin le second col.
J'ai 4 gars devant moi. On commence à enchaîner les lacets en descente.
C'est freinage / virage / relance, freinage / virage / relance. En essayant de rester sur la route, car certains virages se ferment au fur et à mesure. Et en essayant de ralentir le moins possible.
Rapidement, je constante tout le bénéfice des freins à disque. Je peux freiner plus tard, plus fort que mes acolytes. J'en passe un.
En relance, je me mette ma dose, mais je reste dans le coup grâce au freinage et aux trajectoires.
Les lacets s'ouvrent pour devenir une route sinueuse, plus un superbe faut plat descendant.
Je me fais sortir du groupe car je dois encore me soulager. C'est dommage, mais ce n'est pas si grave.
Position aéro au maximum, le braquet le plus gros possible, cadence élevée. Ca va vite, très vite. La route file dans la vallée. Du bonheur ! Je regarde le chrono – 55 / 57 km/h. (record de vitesse enregistré à 62km/h !! Jean-Michel, 62 - pas 55km/h! :)).
Ca envoie en descente |
Et ça dure un petit moment. Les positions relatives restent stables. J’ai juste un avion qui passe – un grand gaillard sur un Canyon. Je ne sais ce qu’il a comme braquet, mais il doit aller 5 à 10km/h plus vite que moi. C’est un p’tit jeune.
Même si je me dis d’arrêter de regarder les numéros de dossard, j’ai du mal à m’en empêcher.
Je bois, je mange. Je reprends de l’eau, je garde la bouteille dans la poche. On repart dans des virages, des petites montées ou du faux-plat : on arrive à la 3ieme montée. Il reste 20 ou 25km. Je manque un peu de lucidité, mais j’apprécie surtout le parcours. Le soleil commence à pointer ses premiers vrais rayons. Le corps et surtout les mains se réchauffent. Je me relâche à nouveau. Je modère du coup un peu la consommation d’eau – j’ai dû un peu abuser. (Ou c’est plutôt que je ne transpire pas des masses)
Je suis 30 à 40m derrière un groupe, j’essaie de le rattraper pour prendre le même rythme, à distance légale. Mais ça ne vient pas. L’écart reste stable. Puis nous changeons de route, on se retrouve coincer sur une bande d’arrêt d’urgence – c’est très étroit. Difficile de doubler. Les gars devant se gênent, ça ralentit. Je reviens sur le groupe. Un grumeau se forme – ça drafte totalement. Mais surtout, les gars devant arrêtent de pédaler – l’allure tombe totalement. Je me demande si j’ai raté un panneau ou quelque chose… Sans me poser trop de question, je double comme je peux, et passe devant le groupe.
Demi-tour sur ce tronçon de route, on croise d’autres cyclistes. J’aimerai bien voir Jean-Michel. J’espère que ça va pour lui. On est toujours à l’étroit sur la bande d’arrêt d’urgence. Je mène le groupe. Virage à gauche, on quitte la voie rapide.
Je manque de me mettre dans le décor ! Le virage était en fait un quasi demi-tour. Je gueule, car je me fais vraiment peur, et pour prévenir derrière. Ca gueule derrière aussi, les freins couinent aussi ! Chaud.
Enchaînement de bosses / virages / relances, je laisse filer le groupe car je dois encore avoir un moment de relaxation…
On retrouve la route qui nous avait amenée dans l’arrière-pays – on est dans la dernière montée. Moins raide qu’à l’aller. Tant mieux. Je commence à me languir d’arriver à la course à pieds, et en découdre. A chaque gars de ma catégorie qui me doublait, je me disais que j’allais le rattraper ensuite (même si une petite voix me disait « il a l’air rudement affûté, il doit bien galoper »).
Je reviens progressivement sur le petit groupe. Tiens, l’anglaise Tate encore. Je la redouble. Et maintenant, c’est moi qui me fais doubler par le 240. 240, ça me dit quelque chose. C’est Matthieu, le belge rencontré à l’aéroport. Mince, pas eu le temps de le saluer.
Mais, un peu plus loin dans la montée, je le rattrape (temporairement). J’en profite pour le saluer – je ne suis pas sûr qu’il se souvienne de moi, genre il me regarde « c’est qui ce gars ?»… hahaha. Il repart devant.
Mais, un peu plus loin dans la montée, je le rattrape (temporairement). J’en profite pour le saluer – je ne suis pas sûr qu’il se souvienne de moi, genre il me regarde « c’est qui ce gars ?»… hahaha. Il repart devant.
La montée se poursuit, je reviens dans le match avec les gars du groupe. J’en passe quelques un. D’autres s’échappent. Cette bosse passe presque facilement, vraiment pas raide. Il fait chaud maintenant, je commence à sentir les premières perles de transpiration sous le casque. J’enlève les gants.
On redescend, dernier village / dernier ravito : l’objectif est de prendre une gourde cette fois (avec boisson isotonique). C’est juste au cas où la gourde ait le logo de la course dessus. Je bois quelques gorgées – ce n’est pas mauvais. Mais depuis quelques temps en course, je ne prends que de l’eau au ravito car ces produits, que je n’utilise pas à l’entrainement, ont tendance à me tordre les boyaux. Je vide le reste et fourre la gourde dans une poche.
Un peu de descente légère, je prends de bons virages par rapport au gars devant : je le rattrape, puis le passe. Bien sûr, au virage d’après, je suis un peu limite à me mettre dans le décor, par excès de confiance. Mais ça passe. Et je relance.
Retour sur la voie rapide du front de mer. La vue est superbe. Je retrouve quelques gars du début de course. C’est bon pour le moral. Je prends le gel. Un dernier petit pipi, je n’en reviens pas combien de fois j’ai dû uriner sur le parcours. Même en montée, je me fais rigoler tout seul.
Retour dans la zone un peu pourrie – technique / dos d’âne / plaques d’égout / position aéro interdite. Je gère, j’assure, mais je mouline, un peu pour préparer la transition et ne pas me faire rattraper par le gars que j’entends derrière moi.
Au passage à niveau, Krisztina encourage, c’est sympa de la voir.
On passe sous le chemin de fer, coté plage, j’ouvre les chaussures en continuant de pédaler. Il reste encore un petit morceau.
Enfin, la zone d’arrivée! Je descends du vélo, déclenche le chrono. Et c’est parti pour un footing accompagné de la Bach Mobil : pas simple. Mais c’est plus facile pieds nus qu’avec les chaussures ce matin.
Enfin, la zone d’arrivée! Je descends du vélo, déclenche le chrono. Et c’est parti pour un footing accompagné de la Bach Mobil : pas simple. Mais c’est plus facile pieds nus qu’avec les chaussures ce matin.
Vélo : 2h47, 30ieme temps de la catégorie. 32,2 de moyenne. C’est certainement une dizaine de places perdues de trop… 133 BPM en moyenne, trop bas pour un Half Ironman, même pour moi. Maxi à 149 BPM. C’est à peu près géré avec presque 1300m de dénivelé positif.
Retour en ville, le long de la voie ferrée |
Quand j’arrive à l’entrée de parc à vélo « Allez David !», mes parents sont là, aux premières loges. Gros sourire. Je file sur le terrain. Mes chaussures gigotent dans tous les sens. Elles sont toujours accrochées aux pédales. Je lève un peu le vélo pour ne pas les perdre. Je rentre dans l’allée S-R, cherche ma place 22… 2214, j’accroche le vélo, je file vers la tente.
Je déclipse le casque, puis je l’enlève. Un peu d’air, ça fait du bien.
J’arrive au portant, 2214 à nouveau, je prends l’autre sac. Je le vide sur le banc, enlève la veste et mes chaussettes. Je place les chaussures devant moi, gauche à gauche, droite à droite. Je prends le pot de vaseline et tartine généreusement les orteils, pour minimiser irritation et ampoules. J’enfile les chaussettes de course à pieds, puis les chaussures. Je me relève et enfile la ceinture avec le dossard. Ensuite, je remets casque, veste, le pot de vaseline, les gants que j’avais provisionné s’il faisait toujours froid et chaussettes dans le sac. Je le raccroche en blaguant avec le gars juste à coté de moi. C’est un Belge ! Je prends la casquette et les lunettes et file vers la sortie.
T2 : 2mn50. Pas trop mal.
Je sors de la tente et déclenche le chrono. Il fait soleil. Je peux chausser les lunettes et caler la casque. J’ai 1,5km jusqu’à la zone d’arrivée puis ce sera 2 tours de presque 10 km chacun. L’idée est de découper le semi-marathon en 3. 3 x 7km, facile / moyen / à fond. Enfin, ce sera dans la nuance.
Je cherche à caler mon allure, footing soutenu. Rien de bien stressant. Premier ravito, je prends juste 2 gels. Je cherche ceux avec de la caféine. Le gel, c’est pour garder de l’énergie. La caféine, c’est pour prévenir d’un coup de mou, d’un chute du rythme cardiaque. Je ne suis pas sûr que ce soit très efficace, mais c’est au moins un placebo ! Je les range. Un dans le short, un dans le maillot. Je veille à ce qu’à cela ne ballotte pas dans tous les sens.
Le dossard remonte, je redescends la ceinture. Pareil, je ne veux pas de mouvement parasite, mais dois garder le dossard devant : c’est le règlement, mais surtout important pour retrouver les photos ! hahaha.
1er km, la montre vibre. Je ne regarde pas. Inutile de se prendre la tête sur les premiers km, alors que je m’adapte encore à la descente de vélo.
Demi-tour proche de l’arrivée. Il me tarde d'y arriver pour de vrai. Mais avant, je dois rattraper du monde : c’est l’objectif. Comme il y a 15 jours. Pour l’instant, pas de pression, je cours avec le belge. Il est parti un peu fort pour moi. Je le remonte tout doucement, sans chercher à le rattraper. J’enlève les manchons – trop chaud. Je les range dans les poches.
2ieme km, tout va bien. Il y a pas mal d’athlètes sur le parcours – et c’est parfois un peu juste pour passer. On double, mais pour l’instant, pas tant que cela. C’est encore trop tôt dans la course. Mais ça devrait commencer à craquer à partir du 10ieme, puis au second tour où certains entameront leur premier tour. Patience.
3ieme km – 4’11. Parfait. C’est absolument parfait ! Mon rêve serait de faire moins d’1h30 au semi, soit 4’17 au km. C’est hyper ambitieux. Je pense que je peux sereinement compter sur un temps entre 1’30 et 1’32. Donc, sans encore pousser, être à l’allure, c’est bon ça ! On repasse dans le parc à vélo. Mes parents devraient être à la sortie.
Je ressors les manchons, pour les donner en mains propres à ma mère – je repense au Cross de Gujan-Mestras. Je devais avoir 10 ans. Il faisait froid, j’avais des gants au départ. Mais après le départ (si vous avez déjà vu une course de gamins, ça part comme des balles !), j’avais trop chaud. Je les avais balancé par-dessus la barrière « dans la zone où mes parents étaient»… On ne les a jamais revus… Donc, aujourd’hui, quelques années plus tard, je veux les donner en main propre. C’est le cas « Allez David !». Je les donne à maman en passant rapidement.
On retrouve la promenade du front de mer. L’allure est bonne. Je suis revenu sur le belge, dans sa foulée. Je suis à l’aise, et pourrais le passer. Mais c’est trop tôt. Je me cache derrière lui, à l’abris du vent qui est en pleine face.
Technique, les mains bien basses, je tire sur les bras, le tout en cadence. L’effort est modéré. Tout va bien. Il ne fait pas chaud. Pas un nuage en vue. Superbe. 4ieme km, 4mn14. Ca se maintient, et on est face au vent. C’est bien.
On continue. Toujours avec mon copain du moment. Je freine un peu les chevaux encore. J’ai très envie d’y aller pourtant. Mais j’ai déjà cette erreur d’impatience lors d’un Ironman : je n’avais pas pu réagir plus tard… Je n’ai pas encore fini le 1er tiers. Le train est bon, donc pas de stress.
Le terrain est varié, bitume, terre, ou terrain un peu meuble, avec du sable. Je cherche à rester sur les zones les plus fermes possibles. Le sable donne l’impression de glisser. Il faut s’économiser. La technique encore, je me cale comme il faut. Un peu vers l’avant, cadence, les mains.
On arrive au demi-tour – Enfin ! C’est un peu l’usure cette portion. Content de repartir dans l’autre sens. Mais les km passent lentement. KM 6,4mn19. Je vais bientôt pouvoir mettre un coup de vis.
On a le vent dans le dos. On ne sent plus de vent en fait. Et ça commence à chauffer un peu. Pas grave. Mais je sens que les jambes s’alourdissent. Pour mon acolyte aussi. Il décroche, je passe. Allez, presque 1/3 de fait, je peux accélérer. Mais après le km7.Tout va bien |
C’est la surprise du chef. Je n’avais pas vu ce détail sur le plan, mais on fait un demi-tour pour prendre le tunnel sous la voie ferrée. Cela veut dire une rampe de l’autre coté. Une rampe, ce n’est rien. Mais je ne l’avais pas en tête. Et je crains un peu quand même les crampes, car elles sont un peu raides les cocottes. Je commence à me dire que je n’ai pas assez roulé. J’évacue l’idée. Je ressors du tunnel, il y a un ravito. Un gel, et je bois. Je commence à m’arroser aussi. 7km.
Pas d’ombre, longue ligne droite sur la route. J’arrive à me caler. Les jambes répondent. Mais c’est long dans la tête. Petit pont, je gère. Descente, je relance. On arrive dans la vielle ville, virages, relances. Ca pique un peu. Mais je remonte toujours un peu de monde, mais ce n’est pas foule non plus. Cela me fait penser à Hawaii. Contrairement à Florianopolis, où beaucoup craquaient à mi-parcours, à Kona, quasiment personne n’avait craqué. Ici, pareil. Ca a l’air de se tenir. Mais j’arrive juste au 8ieme. 4mn23. Ca se durcit. Mince, et pourtant j’ai le vent avec moi.
Passage sous la voie ferrée. Les ischios se raidissent. Retour sur le plat, retour avec davantage de spectateurs. Ca va mieux dans la tête. Relances avec les changements de surface ou de direction.
Le manque de condition au vélo se paie maintenant. Je tente de changer le sujet. Puis j’y reviens. Certes, je n’ai pas autant que j’aurais voulu en vélo. Mais, j’ai fait le boulot en course à pieds. Et surtout, maintenant, en pleine course, plus la peine de se flageller. J’accepte cet état de fait. Par contre, pour aller à Nice, se qualifier, c’est maintenant. Je suis dans le dur plus tôt que prévu, mais je ne suis certainement pas le seul. Ce sont ceux qui le veulent le plus qui feront la qualif.
Le manque de condition au vélo se paie maintenant. Je tente de changer le sujet. Puis j’y reviens. Certes, je n’ai pas autant que j’aurais voulu en vélo. Mais, j’ai fait le boulot en course à pieds. Et surtout, maintenant, en pleine course, plus la peine de se flageller. J’accepte cet état de fait. Par contre, pour aller à Nice, se qualifier, c’est maintenant. Je suis dans le dur plus tôt que prévu, mais je ne suis certainement pas le seul. Ce sont ceux qui le veulent le plus qui feront la qualif.
Je rattrape moins de monde – peu importe. Il faut être patient. Je me concentre sur des cibles plus éloignées… Et j’y vais – technique / buste / les mains…
Parc à vélo, papa et maman sont toujours là. De l’autre coté, c’est la sortie du parc pour les gens qui commence leur course à pieds. Cela remet beaucoup de trafic sur le parcours. Parfois un peu gênant, c’est surtout plus d’animation et de candidats à être rattrapés…
Km 9 – Je ne regarde plus le chrono. A quoi bon ?! Je rattrape un français, qui est dans ma catégorie. Il passe à ce moment-là devant sa famille qui l’encourage. Son jeune fils court quelques foulées avec lui. La question tombe « Quelle place ? »
Dans le dur |
« Top 10 je crois ». Je souris. Et le père répond « je suis cuit, je n’en peux plus ». Ca me remonte – un peu – le moral. C’est un de moins… Mais si l’info du top 10 est vraie, c’est de bonne augure. Au moins dans mon schéma de course initiale. Dans la réalité, je sens que je n’ai plus la facilité du 1er tiers de course. J’arrive bientôt au demi-tour de l’arrivée. Cela va un poil mieux semble-t-il. Mais chaque km semble interminable.
Demi-tour, allez ! Plus que 10 bornes, ce n’est rien. (c’est vite dit). Km 11.
Je repars face au vent. Toujours beaucoup de monde. En fait, il y 2 allures notablement différentes : ceux qui commence le 1er tour, et, plus rapides, ceux qui sont dans le second tour. Et j’en double peu de cette espèce. Je ne craque pas non plus. C’est bien.
Coup au moral. Mon ami belge du début de course à pieds vient de me rejoindre. Il passe même devant alors que l’on ressort du parc à vélo. Je dis aux parents d’aller à l’arrivée – je suis dans ma dernière boucle.
Coup au moral. Mon ami belge du début de course à pieds vient de me rejoindre. Il passe même devant alors que l’on ressort du parc à vélo. Je dis aux parents d’aller à l’arrivée – je suis dans ma dernière boucle.
Orgueil quand tu nous tiens… Allez, si je veux aller à Nice, je dois m’accrocher au belge ! Je prends sa foulée, le marque à la culotte. Wow, ça booste. Le cœur monte, les cuisses brûlent. Je sers les dents. Mais après 300m au taquet, je dois laisser filer. Je ne saurai pas tenir cette intensité pendant 7km (30 à 35mn). Je retourne à mon allure antérieure. Dur pour le moral.
Je me raccroche à l’espoir qu’il arrive 3 ou 4 dans la catégorie – j’ai encore une chance. Mais je doute fort que je sois en trajectoire pour le Top 5. En revanche, après mon dernier tri, je me suis bien noté qu’il fallait tout donner, jusqu’au dernier mètre. 7 km, c’est 7km d’opportunité (douloureuse). Rien n’est fait !
Parc à vélo – Les parents sont encore là pour encourager. « Allez au finish maintenant, c’est mon dernier tour » leur dis-je.
Je me raccroche à l’espoir qu’il arrive 3 ou 4 dans la catégorie – j’ai encore une chance. Mais je doute fort que je sois en trajectoire pour le Top 5. En revanche, après mon dernier tri, je me suis bien noté qu’il fallait tout donner, jusqu’au dernier mètre. 7 km, c’est 7km d’opportunité (douloureuse). Rien n’est fait !
Parc à vélo – Les parents sont encore là pour encourager. « Allez au finish maintenant, c’est mon dernier tour » leur dis-je.
Je passe le 14ieme km. 4mn24. Face au vent, ce n’est pas si mal. Même si c’est dur et que j’ai le sentiment de dérouiller, ça se tient. Je ne ferais peut-être pas moins d’1h30, mais je reste sur les bases de moins d’1h32. Prochain ravito, c’est le dernier gel.
Après avoir filer devant, l’écart avec le belge se stabilise, ou ne progresse que doucement. Je double beaucoup ceux du premier tour, ou les rares du 2nd qui explosent. « Je passe à gauche » je dois signaler parfois. C’est bon à prendre pour le moral.
C’est un peu le black-out mental. Ca ne cause plus énormément dans la tête – j’endure. J’arrive enfin au dernier ½ tour. Plus que 5km, le vent dans le dos. Je relance, avec ce qu’il ne reste plus et davantage encore… Les bras, le buste, la cadence, les mains, je tente tout pour remettre un peu de vigueur.
Tunnel, montée, grande ligne droite. Je reviens sur Cedric. On avait posé le vélo à peu près en même temps. Un p’tit jeune. Il était parti devant assez rapidement. Je gaine, je force, je grapille. Cm par cm, je me rapproche. 20m, puis 15m. Puis 10m.
On passe le petit pont, 5m.
On double. On a dû nous doubler, mais je ne paie pas attention. Peu importe. Il reste 4km, ce n’est rien. On arrive dans la ville: je le rejoins! Yes! Quelques mots!
Encore des relances. C’est dur de relancer. Je m’arrose copieusement à chaque ravito. Je bois un peu d’eau. Dommage qu’il n’y ait pas de Coca. Ca donne un vrai coup de fouet quand on est au rupteur…
Encore des relances. C’est dur de relancer. Je m’arrose copieusement à chaque ravito. Je bois un peu d’eau. Dommage qu’il n’y ait pas de Coca. Ca donne un vrai coup de fouet quand on est au rupteur…
Voie ferrée, rampe, on retourne vers le parc à vélo. Les relances sont terribles.
Cedric repart ! NON… Ou c’est moi qui craque ? Non, je n’ai pas l’impression. Mais je n’ai pas le jus pour accélérer à nouveau. Il repart à 10m… grrrr. Peut-être moins. Allez ! Le slot pour Nice, allez !
Cedric repart ! NON… Ou c’est moi qui craque ? Non, je n’ai pas l’impression. Mais je n’ai pas le jus pour accélérer à nouveau. Il repart à 10m… grrrr. Peut-être moins. Allez ! Le slot pour Nice, allez !
Je sors du parc à vélo – il ne reste que 1,5km. 6, ou 7mn… Une éternité. Les yeux me sortent de la tête. J’ai gratté 1 ou 2m dans les relances sur Cedric. Mais en ligne droite, il repart. Mon allure s’améliore, mais lui aussi accélère ! Le bougre.
20km.
On se faufile pour doubler. Je passe parfois, sans clignotant, sur la voie opposée. Peu importe. Ca sent la bergerie ! On est au niveau du village Ironman. Beaucoup de monde.
Surchauffe. Je ne peux pas sprinter. Bloquer sur une vitesse, je tire tout ce que je peux. Je commence à gémir – je me surprend ! Cedric accélère, il a encore du jus. 500m encore peut-être. Que c’est long.
Enfin, le point de ½ tour, avec le panneau 21 km. Les gens repartent pour le second tour, les autres comme Cédric, à droite, vers l’arrivée. Je suis gêné par le trafic. Je dois presque m’arrêter pour me frayer un passage vers l’arrivée. La relance est limite crampe. J’enlève les lunettes.
Petite ligne droite sur le tapis, les gradins sont bondés. Trop bon. Je suis trop content, j’ai tout donné. Krisztina est encore là, coucou. Je file. Sourire pour la photo finish. Qu’est-ce que ça pique. J’arrête le chrono. 1’30 et des brouettes pour le semi-marathon. Vu l’état, j’ai mieux résisté que ce que je ne pensai.
Finisher, avec le sourire! |
Mais ça pique, je confirme |
La tête tourne. Krisztina fait le forcing pour se frayer un chemin jusqu’à la barrière. Quelques mots. Merci. Je m’assois un petit moment, ça va passer le vertige.
Course à pieds : 1h30mn48, mais il manquait presque 200. 4mn21 de moyenne. Très honorable ! 148 BPM de moyenne, 158 sur la fin. Bien géré, malgré un coup de mou du 14 au 19.
13ieme place dans ma catégorie. Pas de surprise en fait. Pas de qualification pour Nice. Normal. J’ai perdu trop de terrain en vélo (30ieme temps), et cela m’a taxé de trop pour faire une excellente course. Je suis quand même surpris du niveau en course à pieds. Avec 1’31, je ne fais que le 27ieme temps (j’ai repris 3 gars seulement). Le niveau est fort !
C’est 15mn plus rapide que l’an passé pour se qualifier. Ca passait à 4h45 – c’est l’objectif que je me donnais. J’ai fais 4h50…
Satisfait - donné 100%!!! |
Les leçons sont simples, il faut faire les bornes, et si possible en groupe pour se faire mal.
Et surtout, c'est du bonheur faire ce type d'épreuve avec des amis.
Jean-Michel a bien géré, il a souffert comme tout le monde. Krisztina était émue à l'arrivée. Bravo aux nouveaux accros!
Séquence émotions pour le clan Jean-Michel! Bravo!! |