Tuesday, June 20, 2017

Le Run / The Corrida / A Course à pieds

I´m off to a great start:
- Great swim – 2nd best in the last 9 yrs,
- Good bike – 2nd best (best in 2014) w/ a 4mn mechanical induced stop,
- And I feel I did a good run prep with frequent long runs.
And “cherry on the cake”, I think I´m the lead of the 45-49 age group.

Je suis bien lancé :
- Superbe natation – mon 2nd meilleur chrono, le meilleur depuis 9 ans
- Bon vélo – également mon 2nd meilleur temps, sous les 5hr malgré un arrêt mécanique de 4mn,
- Je pense être bien préparé pour ce marathon de clôture d´Ironman.
Et pour couronner le tout, je pense être en tête de ma catégorie 45-49 ans.

I run into the transition tent, seize the blue bag and go to next room – the changing room.
I empty the bag on a chair, sit on the next one, put the bike helmet into the bag. I grab the shoes, and set them in front of me. Left on the left, right – yes – on the right.
I grab the left sock which is already folded in the left shoe. Thumbs in, foot in, pull back, the sock is on. Grab the folded left calf compression sleeve, thumbs in, foot in, and pull: it´s on.
Quite happy with my pre-folding set-up. Repeat with the right size. Smooth as well.

Je cours dans la tente de transition, attrape le sac bleu, et file dans la salle suivante. Je vide le sac sur une chaise, et m´assois juste à coté. Je mets le casque dans le vélo et arrange les chaussures devant moi, par terre : gauche à gauche, droite à droite.
Je prends la chaussette gauche, dans la chaussure gauche. Elle est déjà retroussée. Les pouces au fond, et hop, j´enfile en 2 sec. Je prends le manchon gauche, même principe, pré-retroussé, et hop bis, enfilé. Je mets la chaussure, en force – sans défaire les lacets bien sûr.
Et bis repetita pour le pied droit. Aucune perte de temps.
Assez content de ma préparation.
Je saisis le paquet de gels et sel, visse la casquette sur la tête, pose les lunettes par-dessus. Je referme le sac et repars : je donne le sac au volontaire et cours vers la sortie de la tente.
Casquette spéciale – c´est la casquette du projet sur lequel Olivier et beaucoup d´autres amis & collègues travaillent : BBB, alias KWID.
Virage serré pour longer la tente et rejoindre la route. Je passe sur le tapis électronique : je déclenche le chrono, c´est le début du marathon !
J´ai conservé le coupe-vent pour l´instant. Je sépare les gels tout en courant, j´en ai 4. 2 dans chaque poche arrière et le sel dans les poches latérales du short. Il commence déjà à faire bon – je ne vais pas garder le coupe-vent bien longtemps.

I put the XBB hat on – it´s the important project Olivier and many others are working on at Renault. I grab the food & sun glasses – I put them over the hat. Close the bag, run out, give the bag away to a volunteer, and run out of the tent. Then it´s a sharp turn to head back to the road, along the tent.
I go over the timing mat, start the watch again – I´m off for the marathon!
I keep the wind-stopper as I´m unsure about the rain & temperature. As I run away from the transition area, with a big smile (all is good!), I start get organized: 2 gels in each back pocket, the salt in the short pockets. Just run and enjoy!
It´s already getting warm – I won´t keep the coat on and as for the sun is concerned, I won´t need the sunglasses either. In the back pocket as well.
I open up the jacket and notice a couple guys – they are already walking – it´s going to be long for them… Some others just fly by – do they know it´s 42km? Young guys I assume.

Vu le soleil, ou plutôt son absence, je mets les lunettes dans une poche arrière. Mais il continue à faire chaud, j´ouvre le coupe-vent. Je le laisserai à Sandy ou à quelqu´un du club.
Grand sourire en travers du visage, toujours en tête, je pense. Je double quelques gars qui, les pauvres, marchent déjà. Je me demande comment ils peuvent être là, après seulement quelques centaines de mètres.
D´un autre côté, il y a aussi des p´tits jeunes qui passent comme s´il s´agissait d´un 10km… Je pense que j´en récupérai plus tard.


Dropping off the raincoat / Dépose Kway
 Le couloir réservé aux coureurs s´élargit et j´entends mon nom. Sandy, Sullivan & Olivier sont là, en train d´encourager. Content de les voir. J´enlève le coupe-vent pour leur remettre. Je m´écarte pour aller les voir, et laisser ce fardeau. C´est très rapide, pas le temps de dire grand-chose, je repars.
J´arrive au point de demi-tour, au km 21, 31 : là où l´on récupéra nos bracelets, preuve que l´on est déjà passé. Il y a beaucoup de monde – difficile de reconnaitre qui crie – mais l´ambiance est forte et les jambes bougent toutes seules !
Je pense devant l´équipe qui s´est regroupée un peu plus loin – il y a du bruit ! Et puis c´est le retour à la solitude dans la tête. Les jambes sont un peu lourdes, ou plutôt pas aussi légères que ce que je voudrais. On est souvent surpris par les premiers km, l´adrénaline les fait tourner tout seul, à bonne allure en plus. Puis on se fait rattraper par la réalité. Aujourd´hui, malgré l´excitation de la position, je ne suis pas aussi bien que je l´ai déjà été par le passé. Mais comme Guilherme nous le disait, il faut ignorer ces premiers km. De plus, même avec l´affutage (le repos), je n´étais bien qu´après 3 ou 4 km à l´entrainement.

The corridor we run in gets wider now and I hear cheers for me, it´s Sandy, Sullivan & Olivier. I take the wind stopper off, and roll it up. I pass by, hand it over, and don´t have much time to discuss, to share how I feel. I´m right away back into the race.
Now it´s the turn-around point, for the 21 and 31 km marks. We´ll get our precious bracelets later, demonstrating how many laps we´ve done. It gets extremely noisy from the crowd cheering – intense.
In spite of the adrenaline rush, the legs feel a bit heavy. Or rather not as light I hoped for. But Guilherme warned us, simply ignore those first kms. Moreover, I remind myself that I was always feeling better after 3 or 4km during the recent runs. Patience. And that´s Guilherme´s instructions: wait until km 30, and then give it all.
I don´t even look at the watch – it´s pointless. I quickly find my way to the first hill, it´s steeper than I remembered. I joke with the supporters. Some have open their garage, the stereo is out, the drinks are pouring. Others also watch from the height of their balcony. A little sign, a smile, High 5 and they cheer.
I´m good. Even if I start feeling uneasy – I think I have to pee, again. That sucks. I don´t want to stop.

Patience donc. Et d´ailleurs, c´est la patience au long court – Guilherme m´a conseillé d´attendre le km 30, puis de donner le maximum, pour aller chercher la qualif.
Du coup, je ne regarde même pas le chrono. Je vérifie quand le rythme cardiaque, des fois que le cardio remarche – mais non, rien.


On prend son rythme / Settling in
Je rejoins la première montée sans encombre. Elle est plus raide que ce que j´avais en tête. Je déplace mon attention vers les supporters qui sont là. Certains ont ouvert leur garage, la musique à fond, les bouteilles ouvertes… D´autres observent le défilé coloré d´athlètes depuis la hauteur des balcons. Un petit signe, un sourire, ou taper dans la main, et ils encouragent.
Les jambes vont bien, mais j´ai besoin d´aller au p´tit coin. Mais je n´ai pas envie de faire de pause.
Lucas & Todinho, lors du diner d´équipe, m´ont expliqué qu´ils ne comptaient pas les km (il y a des panneaux plus ou moins régulièrement), mais simplement le nombre de tours. Je dois ainsi patienter jusqu´à la fin du second tour avant de lâcher les chevaux, s´il en reste… Cela semble mieux que de faire le décompte des 42 panneaux…
Je passe la seconde côte au train, puis en marchant et reprend rapidement le trot. Je passe un gars. Ca fait du bien au moral. Maintenant, c´est une belle descente vers Canasveiras. J´ai fait le parcours il y a quelques jours. Je sais à quoi m´attendre : une longue ligne droite, puis un virage à droite pour faire le demi-tour. Il y a des toilettes là-bas. J´en profiterai pour me soulager la vessie. D´ailleurs, je ne sais pas si ce n´est que la vessie. Le ventre est un peu retourné en ce moment. Je me concentre sur de l´eau, au ravitaillement.

A couple days ago, Lucas & Todinho – both excellent runners – were explaining that they weren´t following the km marks but more simply counting laps. We have 3, one long, and two short. Guilherme´s instructions for me is to wait the end of the 2nd lap before unleashing everything I have left, if any.
Back to the race - I make it up the 2nd, more steep slope. Running in short steps, then walking, and I resume running quickly. I pass a guy, big smile on my face.
Soon it´s a little bit downhill to arrive in Canasveiras – I ran here a couple days ago. I know what to expect. It´s a long straight stretched, followed by a turn and the turn-around. They have a potty porter there. I keep the pace casual, like a jogging, even if I feel I should go faster – I have to wait.
My belly is making me uncomfortable now, a little concerning.
Almost done with long stretch, Ana is there, cheering – she did an ultra ironman last year – much respect you must pay! 
Up the hill / On double
Turn to the right, the turnaround is just 100m further. I go across the timing mat, and keep going straight, instead of turning-around…
I open the toilet´s door: someone´s already inside. Going out ? Nope! Gotta pee… I go behind the porter, and relieve myself outside (no referee at sight, no home owner either). Feels like an eternity. But boy, I feel already the belly pressure going away. Pfff.
And back in the race.
Now, let´s monitor who´s in the chase. I´m carefully looking at the bib numbers of the guys running in the other direction. 1700s and 1800s are in the same age group. After 4 or 5mn (which is already a good news), here comes the first guy. It´s the Russian! Then someone whom I think is Brazilian.
J´arrive au bout de la longue ligne droite quand j´attends des encouragements. C´est Ana, une copine de club – elle a fait un ultra-Ironman l´an passé. Coucou et respects!
Virage à droite, je vois le point de demi-tour à une centaine de mètres. Je passe dans l´épingle pour enregistrer mon passage sur le tapis de chronométrage. Mais je continue tout droit : les toilettes sont juste après ! Ouf. J´ouvre la porte, ooops, il y a un gars à l´intérieur. Tu sors ? Non, apparemment pas. Je réfléchis 2 sec – je ne vais pas attendre qu´il fasse sa commission… Je vais derrière et me soulage, pas très civique, mais très urgent ! Je me sens déjà beaucoup mieux. Après un pipi interminable, je range le matériel, et c´est reparti.
Allure de jogging, et maintenant, j´ai une nouvelle activité pour me distraire : regarder les numéros de dossard des gars qui arrivent à contre-sens. Ceux dans les 1700 et 1800 sont du même groupe d’âge.
Et finalement, après 4 ou 5 mn, je vois le premier gars, et c´est le russe de la tente ! Un peu plus loin, un brésilien, je pense. La chasse est ouverte.
Je commence à faire les comptes, j´ai presque 10km dans les jambes, et je suis en tête. Le premier suivant (le second autrement dit) est à 8mn derrière. Le physique tient bon, sans aucun signe de complication. Bref, il faudrait vraiment une tuile pour que je ne termine pas dans le Top 9... On se calme.
Je remonte vers les 2 bosses, qui seront en descente. Je pense que j´ai meilleure allure que certaines personnes que j´ai croisées en allant vers Canasveiras. Et puis, entre le soulagement de la pause pipi, et la qualif qui commence à se profiler, je me sens léger. Enfin ! Mais il faut attendre, c´est donc le footing. J´en profite encore pour saluer et « échanger » avec les supporters.

So the hunt is officially open. It makes me smile, it´s part of the game.
Actually, I start assessing the situation. I have 10km in the legs now & an apparent 8mn lead. I feel fine, and from the previous years, there is 30mn gap between the first and last spot for Kona. So unless I faint, it looks extremely good for the qualification. Let´s stay calm now!
After this mental boost and the physiological pee relief, I feel light, and fresh. Darn, I feel good. But I have to wait…
More people coming across, Lionel – French man in the same category – he surely looks like he´s on the hunt too! And other people from the team, including Lucas – his run is frightening!
As the pace feel easy now that I came back now the 2 hills, I salute and “exchange” with the supporters.
Soon, after a few turns, I reach the path of the short loops. I´ll have to run by here twice more.
12 or 13 km, I recall my last Ironman here. That´s when I hit the wall. Training wasn´t so good then, I suffered for the remainder 30km. Fortunately, I´m fitter, and in a better day today. Still jogging on another long stretch, on this hexagonal brick road. It doesn´t feel as heavy as what I had in mind, cf. previous suffer feast. Good. And now, I´m reaching a U-turn – at 15km – where the family should be.
I see a French flag! Allez David – yeap, that´s them all right. I can make a face, I feel good, it feels great to see them. Even Everson is there – I don´t see Rossandra.
Olivier yells that I´m the lead. Sullivan runs by my side “Go daddy go!”. It´s an automatic tear up-load!
Keep it calm, almost 30km to go.
And off I go to a lonely out & back 4km portion. As I´m still in jogging mood, I keep observing the guys who are coming back. I´m wondering which ones will I be able to catch up. But most of them look fine, and fast… 

#1 fan
Beaucoup de monde arrive, voilà Lionel. Il est dans la même caté, et semble effectivement en chasse ! Un peu plus loin, des gars et des filles de l´équipe. En particulier Lucas, notre coureur de poche, son allure est effrayante !
Je rejoins la partie de la petite boucle, en ville. C´est là où j´avais commencé à prendre grave lors du dernier Ironman, par manque de préparation. Ça avait fait 30km de course à pieds dans le dur. Heureusement, je passe ce « jalon » toujours en mode footing. La route est ici couverte de briques hexagonales dont j´ai un mauvais souvenir. Mais là, ça va. Et ça va d´autant mieux que je rejoins le 15ieme km. Je sais parce que c´est le point de rencontre avec la famille.
Je vois un drapeau français, « Allez David ! », c´est bien eux. Je fais la grimace à Olivier qui prend des photos. Et il rajoute « tu es en première position ! ». Sullivan en remet une couche en courant un peu à côté de moi « Allez Papounaro ! ». Même Everson est là – je ne vois pas Rossandra.
Séquence émotion – les larmes montent, je souffle : il reste quand même 27km, on se calme.
Long wait / Patience
Je repars vers le long aller-retour, 2 km aller, avec un faux plat montant, et 2km pour revenir. Et presque personne d´autres que les athlètes. J´observe ceux qui reviennent, en tentant de voir ceux qui sont mal pour me faire des cibles. Mais la majorité a bonne allure. Patience.
Ravito dans le faux plat, je continue avec du gel et de l´eau, ça passe bien. J´ajoute une capsule de sel cette fois-ci. J´en reprendrai au km 28 – 1/3, 2/3. Là aussi, le faux-plat m´avait laissé de mauvais souvenirs, mais je l´avale sans problème. Pas de crampe à l´horizon, pas d´hypoglycémie non plus…
Demi-tour sur le tapis électronique, pas d´arrêt-toilette ici, je redescends en guettant le russe et ses copains.
500m, c´est approximativement quand je le croise. Il en a repris 1, sur les 2km que j´avais. Bon, la course va bientôt commencer. Un peu comme Sullivan lors d´une partie de Monopoly, « je ne suis pas allé jusqu´ici pour rien ». Pareil, s´il veut passer devant, il va devoir aller le chercher. J´ai envie d´accélérer. Mais c´est beaucoup trop tôt.
Je redescends, au p´tit train.
Un peu plus loin, je recroise Lionel qui me demande ma place : 1er.
Il reste 2 ou 3 km pour clore cette première boucle de 21km, et ce n´est que du bonheur. Je suis facile, et je rejoins le 2nd point de rencontre familial ! Au km 20 (puis 30), Olivier & Sullivan se sont repositionnés pour encourager à nouveau, dans le même tour. Sandy a dû rester à l´autre endroit, pour garder les affaires. Le grand objectif photo, le drapeau, ils sont équipés et sont bruyants.
Tout va bien.

I reach an aid station, I´m drinking gel & water so far. It works fine. I add a salt tablet this time, it´s 1/3 of the way. I´ll repeat in 14km.
I finish the slight incline without too much trouble. Just like the brick road, I don´t have an idyllic memory of this slope from the last race.
Turn-around, timing mat, and I monitor when I´ll come across the Russian.
500 meters, more or less. He gained 1km out of the 2. Rats.
I would love to speed up, but it´s too soon. Patience. I keep jogging.
Now it´s Lionel again, he asks if I know my position (because he´s also playing the bib number game I think): first apparently.
There is only a couple of km to complete the first loop, the first 21 km, the first half marathon. And all is good. I go back to the family. Olivier & Sullivan are standing and cheering by the km 20 – it´s not so far from the 15 km mark. Camera or French flag, they are equipped and loud. Sandy most likely stayed at the other place, to keep the stuff.
That´s the first booster. 500m later,
again
, with the Manocchio Team – full power. That´s booster #2.
I reach the turn-around, synonym of the 21km mark. I get my green bracelet, and look at the watch, for the first time on the run: 1´43. Including the pee stop. Great. I still can do a sub 3h30 I think. I feel fine. I will be tight, but it´s feasible.

17km
 I come out of the U-turn to find a teammate just few strides ahead. It´s Hugo. I´m glad to see him. He had had complicated races in the past but his grit is strong: he always finishes. Today seems smoother for him. A few words and I´m off.
Back in front of the team, and there goes the wrist, tightly closed – I´m going to Kona, I´m going Kona. Tears up loading, breath out, they go away. Stay calm, and keep jogging – doing just great.
Drinking water, gel. The energy level is fine. Temperature is fine, it´s overcast but not rainy anymore.
I focus on the stride, good cadence. All is good.

Un peu plus, c´est la partie la plus dense en spectateurs – que du bonheur. Je sers le poing quand j´entends mon nom. J´y suis, j´y vais, je vais avoir ma qualif.
Demi-tour du semi-marathon : je prends le premier bracelet (un chouchou vert), et regarde le chrono pour la première fois en course à pieds. Verdict (intermédiaire) : 1h43, avec une pause pipi. Pas mal, pas mal du tout. Un peu juste pour faire moins de 3h30, mais c´est faisable. Je suis bien, les piles semblent être toujours chargées, c´est faisable. Encore un tour en dedans, puis on lâche ce qu´il reste.
Je retourne sur le parcours après cette épingle, et juste devant moi, un co-équipier. C´est Hugo. Il commence son marathon. Je suis content de le voir, il a souvent des courses épiques (compliquées) mais aujourd´hui tout semble aller. On échange quelques mots et je file.

Hugo!
Je repasse devant l´équipe, et le poing qui se referme tout seul : je vais y arriver, je vais à Kona, j´y suis. L´émotion est forte, les yeux sont mouillés, la gorge est serrée. Je vais y arriver : il ne reste que 2 « petits » tours.
On se calme, on souffle, on reprend la technique, il reste 21 km. « Ca va y aller ! »
Je continue le rythme léger, même si, les jambes commencent à peser un peu. Je repense aux sorties longues, aujourd´hui, c´est du gâteau.
Je reviens rapidement au point de rencontre, au km 25 maintenant. J´appelle Sullivan avant qu´il ne m´ait vu. Sandy s´est placée de l´autre coté – coucou. Puis Olivier, coucou – grimace. Everson est là, Rossandra aussi. Everson bondit avec son téléphone et court quelques mètres moi en filmant. Qu´est-ce que c´était bon de courir un peu avec lui. Et enfin, Sullivan dont la voix est usée par les encouragements, et l´émotion. Et c´est transmissible : on reste calme, on reste calme.
Ravito avant de se faire les 4km avec le faux-plat. On va faire le repérage des chasseurs.
Le faux plat est plus aisé qu´au premier tour. C´est bon ça. Demi-tour, je suis toujours devant. Et maintenant, je sais que la qualif est dans la poche. Par contre, la première place, ce serait une ENORME cerise sur le gâteau. Je commence à cogiter à cela. Mais pas très longtemps, car mon russe n´est plus qu´à 200m peut-être. Mince. Je réfléchis. Il est en chasse. Il doit savoir que je suis en tête.
Bon, on va y aller – s´il veut la gagne, il va devoir aller la chercher. Vers le km 27, j´accélère – enfin ! Enfin, car j´en ai assez de ronger le frein. Mais c´est aussi plus tôt que la consigne du coach. Peu importe, on y a va, progressivement, mais on y va. Il me reste un tour et des brouettes.
Je recroise Lionel. Il ne semble pas avoir gratté du terrain ce coup-ci. Lucas en revanche, et toujours en mode avion!
Ravito, avec le supplément de sel.

25km - all is good / tout va bien
The next kilometers go by quickly, mainly because I´m anxious to see the family again, at the 25km mark.
I see Sullivan on the other side, so I call him up. Sandy moved from their initial position – hi! Olivier is in the turn, with the camera – hi + making a face. Everson, and now I see Rossandra too, is there. He jumps up and start running with me, filming on his phone. Feels good to have a few strides with him.
Sullivan screams with his now-torn voice, too much cheering, and the emotion. And the emotion is contagious!
Stay calm, stay calm.
A drink before heading to the 4km w/the slope. I actually reach the turn-around quite easily – I guess I´m finally warmed up!
I go back and start monitoring where are the hunters. Unfortunately, the wait is short. My Russian friend is right there, on my tail. May be 200m back.
He must know I´m in the lead, he´s after me.
I now know I have my slot, my qualification for Kona. It´s most unlikely that 9 guys pass me now. But the win… it would be amazing…
I have to do something about it. And if he wants it, he has to go get it.
By the time I reach km 27, I decide to go, to push it. Finally, because I´ve been waiting for that for 27km, or some 8hr of racing. But it´s also early. Earlier than instructed by Guilherme.
I´m off.
I come across Lionel, he didn´t gain vs. the first lap I don´t think. Lucas, on the other end… is still flying.
I want to push it so that the russian will crack when he sees he doesn´t gain ground.
Drinking, with salt loading.
30km, Sullivan & Olivier again. Smile, but I´m on a mission now.

Moving / On y va!
I look at the watch – a disappointing 5´09/km. That sucks. I was hoping for a sub 5 now that I´m more engaged. I ignore the info. Back to business.
32km, in the crowd. Run, Forrest, Run. That´s the mindset now. Cheers are electrifying. I want the win. The team is as loud as usual – they yell “Kona!”. Yes!! I collect the 2nd wrist band – orange this time – at the turn-around.
I´m pushing, and for the first time on the run today, I´m breathing heavily. The legs are holding up. I´m entering the house of pain.

Je dois le casser. Je dois reprendre du terrain pour démoraliser le russe. Je pars donc déterminé.
Sourire de nouveau quand je revois Sullivan et Olivier au km 30. Mais je suis « occupé » maintenant, en mission.

What else? La base!
Je regarde maintenant le chrono qui vient de sonner (il vibre tous les km et affiche le temps du dernier km couvert). Un décevant 5´09. J´espérai moins de 5mn au km en poussant. On se reconcentre, ce n´est pas grave.
Retour dans la horde de spectateurs, avec l´équipe qui commence à hurler « Kona »… Oui, oui, j´y vais. Mais je veux la gagne maintenant (je me dis ça dans la tête !). Je récupère un nouveau bracelet, orange fluo cette fois-ci au portique du demi-tour.
Le rythme est soutenu. Je souffle fort maintenant, c´est la première fois de la course à pieds : je suis bien sorti du mode jogging. Autant les jambes tiennent le coup, autant c´est la douleur de l´effort qui monte.
Et là, j´ai un moment de lucidité – j´ai fait 5 ou 6 km forts sur les 15km qu´il restait. Il y a en encore 9 ou 10km, soit 50mn. Aie, aie – comment vais-je faire ? Je me demande si je n´ai pas fait une erreur.
On se regroupe – on pousse la machine. Les briques de route sont maintenant douloureuses. Mais j´arrive « déjà » au km 35. Rencontre familiale. La dernière d´ailleurs avant le finish (ils auront alors 35mn pour faire les 2,5km jusqu´à l´arrivée). Plus de grimace (volontaire), plus de sourire. Je suis au taquet, et j´imagine le ruscof derrière pour me motiver à rester droit, à pousser, à garder la cadence. Passage réconfortant, mais rapide.
Ravito d´avant l´aller-retour de 4km : je suis passé au Coca depuis le dernier, c´est du sucre rapide. 36km – je ne regarde même pas les panneaux – je connais le parcours. On continue, on pousse.

The pain brings me back to reality – I´ve been pushing it for 4 or 5km now – good. I feel the heat – that´s fine. Then I realize I have another 9 or 10km like that – ouch! I start to understand why Guilherme said to wait… Nevermind, I need to push. I now want the win, it´s not going come easy.
The brick road is now hurtful so I can´t wait to reach the last “family reunion”. The pace is intense – I don´t know about the actual pace – I´m not monitoring the watch.
Here they are, cheering. I smile, but in the inside. It´s “more complicated” on the outside.
Next time I´ll see them will be at the finish chute – they have 35mn to walk 2,5km. I have to finish the job now.

I´m happy, I swear
Promis, je suis trop content

35km No comment / Sans commentaire
Aid station – I stop drinking gel: 100% coke (Pepsi actually – volunteers seem to have fun correcting the athletes asking for Coke – they reply “Pepsi”). I reach the out & back 4km stretch, for the last time. Full steam. I´m hurting. The legs are holding up ok, even in the slope. That´s good. I do the turn around. 4,5km to go. Pushing more.
But the Russian is right there. Same difference. The news kills me – I can´t picture myself pushing, suffering like that another 20+ minutes. I´m dead.
The juice is gone. I´m dying. I´m heavy.
And soon after all those dark thoughts, here comes the Russian. I´m motionless when he passes me – I can´t dare to stick to him – it doesn´t even cross my mind.
Lucas passes too, just faster, much faster. Same reaction – none!
Ok, let´s regroup. The energy is gone so the intensity drops. I resume in a more pain-friendly pace – not pain-free, not at the end of an Ironman.

Je “monte” correctement le faux-plat, au train, en soufflant toujours fort– j´arrive à maintenir l´intensité. Le demi-tour, il reste 4,5km – 22 ou 23 minutes à tenir.
Mais mes jambes sont coupées net à la vue du russe, qui est juste là. Il n´a rien lâché le bougre. Ca me coupe la lumière, le jus, l´énergie. Tout part. J´en peux plus !
Avec le moral dans les chaussettes, l´inévitable arrive – il me double. Je n´ai même pas la présence d´esprit de tenter de le suivre.
Lucas passe aussi, encore plus vite. Même réaction – aucune !
Allez, on se reprend. Il faut aller au bout. L´intensité tombe, je retrouve mon souffle. Je reprends l´allure de croisière. Je n´ai pas de regret – j´ai fait le max.
Encore un peu de Pepsi (pas Coca cette année). Ca tire dans les jambes, mais ça tient. Je passe le 40ieme km, là où étaient habituellement Sullivan & Olivier – ils sont bien partis à l´arrivée.
Je suis en train de rattraper un grand gaillard, qui marche. Il y a de plus en plus de marcheurs maintenant. Il semble avoir des crampes. Mais il reprend juste avant que je ne le passe. Et il repart fort. Certainement parce que l´on revient vers le public : l´intensité remonte, c´est le sprint final.
Un sprint à la hauteur de l´épreuve : 2km !
Je repasse une dernière fois devant l´équipe, certains n´ont plus de voix, ou sont bien trop imbibés… C´est dans la poche, je vais à Kona, aux championnats du monde.
Le « sprint » est dur, les jambes n´en veulent plus.
Je passe le portique des ½ tours précédents : c´est tout droit vers le finish maintenant. Je suis au taquet. Le gars aux crampes est toujours devant, je n´arrive pas à le reprendre. Alex, un gars, de l´équipe, cavale à côté de moi, avec son tel à la main. Kona, Kona, road to Kona, il répète cela sans cesse. J´accélère, je veux le passer. Mais il accélère aussi – il doit sentir mon souffle dans son cou tellement je suis proche.

I regroup and focus – breathing is back to jogging mode, the legs are still moving. I reach the final station, for a final Pepsi.
I move past the 40km point, where Sullivan & Olivier used to be – there´re gone. That´s good.
I´m about to pass a tall guy, walking in pain. Cramps I guess. But he finds in himself to resume running, just before I reach him. He gets moving, fast. Wow, I´m impressed.
There is 2km left approx., the crowd is still there. The team cheers up me again – yes, I´m going to Kona!!
I go to the far left of the track – it´s straight to the finish chute vs. the turn-around for the 2nd & 3rd laps.
The pace has increased, it´s the final sprint – a 2km sprint. Feels like an eternity.
The crowd pushed you, but the pain in the legs brings you back to reality! It´s soooo hard to lift those knees! I pull the French flag out. Blue on the right, left on the left, to have it right for the finish. Soon I wrap myself in it – it feels warm.


Just finish / Il faut terminer

I want to catch the big guy, but he keeps speeding up every time I do.
Alex is yelling, cheering “ Kona, road to Kona” with the phone in his hand, recording apparently.
I´m sprinting, still trying to make up ground on the big guy – there is 10, 15 meters may be. But I can´t make it.
We reach the finish chute. I look back, there is no one near. I let the big guy go. I raise the flag above my head. Boy, I´m happy! I made it, I´m going to Kona!
I see Sandy, on the left. I go quickly to her. She made it too! She also made it through all those weeks of training (mine), meaning many hours without her husband helping…  

Youpi!!
I want to catch the big guy, but he keeps speeding up every time I do. 
Alex is yelling, cheering “ Kona, road to Kona” with the phone in his hand, recording apparently. 
I´m sprinting, still trying to make up ground on the big guy – there is 10, 15 meters may be. But I can´t make it.
We reach the finish chute. I look back, there is no one near. I let the big guy go. I raise the flag above my head. Boy, I´m happy! I made it, I´m going to Kona!
I see Sandy, on the left. I go quickly to her. She made it too! She also made it through all those weeks of training (mine), meaning many hours without her husband helping… 


Thank you Sandy!
J´arrête le chrono, qui me surprend : 9h24. Record perso explosé. Je regarde une seconde fois, 3h31 au marathon. Pas mal du tout. D´ailleurs, c´est également mon record au marathon !
Je félicite le solide gaillard. Et m´aperçoit qu´il est de la catégorie au-dessus (plus agé) ! Il est parti 2mn derrière, et finit quelques secondes devant – chapeau bas. Ca aide à rester humble même si Hawaii, c´est trop bon !
Arrive juste ensuite Hermann, un compatriote qui fait son meilleur chrono aussi. Mais qui pense avoir raté sa qualif d´une place.
Trop dur.

What pain? Quelle douleur?
 
Il est content je crois...
The post race was excellent – cheese burger with bacon! With Sandy, Sullivan & Olivier – previous moments.
After checking, the mechanical issue cost me 4mn, the Russian finished 2mn ahead of me. Do the math… But it´s part of the race. I´m soo happy about the qualification that now I can resume training with objective of finishing in front of him, this time. I´ll revise my race strategy too – I´ll listen better to Guilherme´s instructions.
On ferait pas cela tous les jours, avec Olivier
L´aprés-course fut excellente. Un énorme cheese burger, avec bacon. Le Top. Avec Sandy, Sullivan et Olivier. Moments précieux.
Au final, le problème de dérailleur m´aura couté 4mn d´arrêt, et le russe Iiuri du Mont Oural finit 2 mn devant. Ca fait partie de la course. J´aurai pu abandonner, ou finir sur le petit plateau, bien loin derrière. L´objectif est atteint, avec du panache comme dirait Cyrano. J´ai perdu le duel, mais ce n´est que partie remise.


3 comments:

Rimmy said...

Tu es ÉNORME Dave ! Bravo ‼️

Pierre Daubert said...

Bravo David, très très fort.

Pierre Daubert said...

Bravo David, très très fort.