Thursday, October 11, 2007

Nissan Stadium - course de velo

Cette course de velo, nous l’avions deja faite, l’an passé, en relais, sur 2h.
Cette fois-ci, une grande gueule a propose de faire 5h, en solo. Tout le monde a suivit (la grande gueule, c’est moi, les autres, c’est Eric & Alain, hi hi).

Le parcours est rude : a part la boucle sur la piste (molle) du stade, on ressort du stade par une rampe en double epingle. A l’exterieur, le circuit est plat mais tres accidente : beaucoup de virages, et donc beaucoup de relances. Enfin, pour cloturer la boucle, une seule rampe, bien raide, avec une epingle au sommet.
Ideal pour casser les pattes apres quelques heures sur le circuit,
ideal pour casser du cycliste, quand on est plusieurs centaines sur le circuit et certains s’arretent, tombent ou autres... Du coup, j’ai laisse le Felt a la maison (le pauvre), et suis avec le Cannondale.

Premiere difficulte de la journee, l’inscription. Comment dire…
J’ai apparemment rate le mail de Thierry me disant d’aller payer… Je ne suis (donc) nulle part sur les listes. D’habitude, au Japon, c’est mort. Mais bizarrement, la demoiselle a fait preuve d’initiative, m’a degote un dossard, une puce electronique, et l’affaire etait bouclee. P’tite sueur quand meme. Cela aurait ete marrant aussi, Alain s’inscrit aux 5h, et je le regarde faire le depart !

Bref, avec ce retard, je file me preparer, boissons, poser les sacs… Heu, c’est tout. Je veux pour aller faire 1 ou 2 tours de chauffe mais pas de bol, c’est ferme car les premiers font deja la queue sur la ligne de depart. J’y vais donc aussi, meme pas echauffe ! Du grand art tout ca !
Je cherche Alain et Eric (enfin, surtout Eric… parce que meme parmi les nippons, Alain ne depasse pas !). Je ne les vois pas. Il fait bon, meme pas froid. Vaut mieux car il reste 15mn avant le depart.
Finalement, mes 2 compagnons arrivent. Alors que je les pensais deja ranges devant moi, ils se pointent lorsque la queue de depart est maintenant 2 fois plus longue… En bons francais, ils passent les barrieres, et se joignent a moi.
On rigole 5 mn. Et c’est le depart. On se demande s’il y avait un tour de chauffe, mais apparamment pas…
D’ailleurs, il faut declencher le chrono. Alain navigue, comme moi dans une vague de depart de triathlon en mer, entre les autres cyclistes. Eric hesite un poil mais arrive a suivre. En 20m, je me fais fermer la porte 10 fois – je suis largue d’entree de jeu !

Ce n’est pas grave, je ne comptais pas rouler avec eux. Ils sont trop forts pour moi. Je me disais simplement, que si je le joue intelligemment, je peux peut-etre arriver a en accrocher un cet apres-midi.
Mais, aujourd’hui, je ne suis pas intelligent. Mais pas du tout.
Le rythme s’emballe, et je suis le train. Comme un bourin !

Je repense aux conseils pour un Ironman de Paul – garder la tete froide, rester avec un rythme cardiaque entre 120 a 130 bpm… Ouai, ouai… Un autre jour !
Je fais le malin, en quelques tours, le peloton s’est bien etire et je suis dans un petit groupe qui tourne a mon rythme. J’evite de prendre les relais – je ne suis pas dans l’eau !
Ca bourine bien, 5’40 a 5’45 au tour, parfois un peu moins. Je fais ma premiere heure a plus de 150 pulses/mn ! Et j’en suis content.

Je flippe un peu dans la double epingle. Je vois un gars se viander. Un autre exploser son boyau juste devant moi… Dans la rampe (montante), regulierement, il y a des cartons. En gros, les plus lents mettent pieds a terre dans la trajectoire naturelle… Chicanes mobiles, comme au Mans. Enfin, je reste bien vigilant et vu ma vitesse raisonnable, le risque est moindre.

Notre petit groupe s’est bien efiloche. Nous ne sommes que 3 maintenant. Dont un gars en VTT, qui met des accelerations d’enfer par moment. On prend des relais, mais ce n’est pas tres propre – cf. les accelarations trop fortes. C’est dur de rester dans la roue.
En fait, a tout instant, il faut veiller aux obstacles, rester proche du gars devant pour eviter le vent, faire attention a tous les virages (Rappel, ca vire beaucoup sur la boucle), relancer apres les virages, attention aux enfants ou les gars en velo avec le panier a salade, il faut boire, manger, garder le rythme… Pas le temps de s’ennuyer.
Je suis content de moi, j’ai reussi a rester dans le groupe d’hommes forts – de mon niveau. Alain me prends en effet un tour a la mi-parcours. Eric doit avoir ½ tour d’avance.

Peu apres, mon groupe explose – je suis le seul survivant des 100 premieres minutes, envoyees comme des betes ! Ha ha, hein !? C’est qui le plus fort ? C’est moi, me dis-je ! (tous ceux qui sont devant ne comptent pas – D’ailleurs quand Alain double, au sein de son groupe – c’est du surnaturel, le rythme et la vitesse !).
Je lutte seul pendant 5mn a 10mn pour retrouver un nouveau lievre. 1h45 de course, je commence a me vider… J’ai fait le plus dur, me dis-je. FAUX.
Maintenant, que le reservoir se vide plus vite que je ne peux le remplir (je bois et mange souvent), il m’est beaucoup plus difficile de garder le contact.

En plus de tous les trucs a surveiller pour eviter le carton et rester dans le groupe, je regarde aussi les dossards. Bleu, entre 001 et 200, ce sont les gars comme nous – 3h le matin, et 2 h cet apres-midi. Je n’en vois pas me doubler – ou alors trop rapidement (comme Alain). Et j’en ai un ou 2 dans mon groupe.

Maintenant, je commence a apprehender la rampe (haute montagne), elle fait tres mal aux pattes. Quand Eric m’a double (je ne sais plus quand), il me conseille sur la marche a suivre… Facile, mais quand tu es en vrac, il n’y a plus de bonne technique ! Assis, debout, forte cadence, cadence faible, aux coups de reins, avec les oreilles, … tout y passe. Parmi mon « groupe », je suis dans la moyenne. En general, je tente de prendre le relais (etre devant) juste avant la montee pour ne pas avoir a m’arracher si je suis gene ou si je faiblis.

J’ai perdu le fil. Je ne retrouve plus mon groupe. Je roule seul, contre le vent. Plus de 2h de course, et je n’ai plus rien dans le coffre. Je commence a avoir mal a la tete. Les jambes, ca va, merci.
Je retrouve (il me double) un dossard bleu, accompagne de un ou 2 gars. C’est le No 044. Je saute dans la roue. Il faut que je tienne ! 50mn a faire. Une rigolade sur le papier. Je pense aux 2 h qu’il me reste a faire cet apres-midi aussi. Ca ne me gene pas, bizarrement. Je pense a l’Ironman… 180 km avec un marathon derriere. Pas aujourd’hui en tout cas ! J’ai d’enormes progres a faire.
Je me reconcentre, pour ne pas sauter du groupe. Les relances sont couteuses. Des que je suis 10m derriere, il me faut 1 mn pour revenir. Et ca, ca fait mal… C’est comme une pile a plat, plus on l’allume, moins la lumiere marche longtemps ! Je garde la tete dans le guidon, et maintenant, je ne vois plus que la roue de devant. Le paysage, les mamies sur leur Mamachari, les autres, je ne vois plus rien. Il faut tenir. Le No 044 – pas lache !
Je me surprend plusieurs fois a serrer les dents pour rester coller : c’est bien connu, serre les dents, tu vas plus vite ! Je repense aux conseils techniques, meme si je sais que j’arrete de pedaler beaucoup trop tot maintenant, avant un virage… Je tente de rester detendu, mais j’ai mal de partout. D’ailleurs, presque 3h sur la selle, ca fait mal au derriere !
1/2h – 30mn – 3 tours a faire. Tenir le 044.
1 tour plus tard – encore 24 mn, 4 tours a faire. Attends, on m’aurait menti. Je suis vraiment dans le vent : comment ai-je pu calculer 30/6 = 3 ? Ca ne va vraiment plus.
Je m’accroche toujours a mon dossard bleu de devant, le 044, il a l’air (de derriere) de souffrir aussi. Mais ses relances sont toujours fortes, la brute.

3 tours, 2 tours, 1 tour, je finis, dans la roue. Le 044 relache son effort, je reste derriere. Je suis mort. 3h de velo, mene de facon bourin. Bravo.

Je pose le velo, j’ai mal a la tete (comme si tout le sang voulait y aller), je me couvre et vais voir mes 2 zigotos que j’ai perdu de vu depuis plus d’1 heure. Je les retrouve, bois toute mon eau, et sombre par terre. Pas evanoui, mais je suis vide. Arghhh. 5mn, 10mn, on parle un peu. Ils ont l’air mieux que moi. 20mn apres la fin de course, je reprends vie. On va casser la croute : sardines & pois-chiche pour moi. Ca fait du bien de manger autre chose ques des power bars ou du gel… Je me force un peu pour manger : j’ai l’impression d’avoir fait un puit dans le ventre.

Je vais racheter de l’eau. Je n’ai plus mal a la tete. Quand je reviens, mes 2 lurons roupillent comme des marmotes – incroyable !
Passage au petit coin, et c’est deja l’heure de se remettre en selle – 90mn ont semble 20mn !

2h a faire. Bon, maintenant, on arrete les betises : je pars DOUCEMENT. Je partage ma strategie avec Eric & Alain, qui arrivent, comme d’hab, a la bourre.
Ce qui me surprend, alors que l’on attend le depart et que je suis bien entame, c’est que ca ne me derange pas de repartir pour un tour. J’ai souvenir de parfois ne pas vouloir nager une course lors de petites competitions… 1 ou 2 mn m’ennuyaient parfois. Et la, encore 2h, meme pas peur. C’est bizarre.

Allez, on repart. Alain file comme une fusee et remonte vers la tete de la course. Eric part tranquille et j’emboite le pas. Il y a beaucoup plus de monde que ce matin.
C’est tranquille – ha, ca fait du bien de se balader en velo.
On fait un tour, 2 tours, et on est maintenant degage de tout trafic superflu… On peut rouler, le rythme remonte et les tours passent bien. La fameuse montee est egalement avalee normalement. Je donne, mais il me semble en avoir un peu sous le pied.
Apres 1/2h je commence a sentir que le rythme est quand meme fort – pas vraiment en absolu – mais avec 3h d’epuisement dans les pattes… Je dis a Eric d’y aller, mais il reste devant moi. Alain nous a pris un ½ tour et le garde. Il ne gagne plus : il doit etre tout aussi cuit que nous.
Je n’ai pas vu le 044…
10mn plus tard, rien ne va plus : j’ai mal aux reins et hyper mal a la tete. Je ne peux plus boire. Le dos, je ne sais pas si ce sont les reins ou les dorsaux. 2 belles pointes se font sentir… Et la tete, c’est pareil que ce matin, en pire. C’est le rush au cerveau. Je redis a Eric de faire sa course et je profite du trafic pour decrocher. Je sens que j’ai besoin de me refaire une sante. Sans une baisse de regime, je vais jeter l’eponge. Je ne suis pas bien du tout.
Je vais en fait rouler tranquille derriere du monde. J’en suis a me mettre derriere une fille (prends ca dans les dents), en VTT (et Re). Pour l’honneur, elle fait du relais – elle ne fait en fait que quelques tours, s’arrete et repartira eventuellement. Pour le coup, je dois m’arrache pour la tenir mais au bout de 40mn a ce rythme lamentable, je sens le jus revenir.
Dans les faits, je ne vais pas plus vite (mais cela fait des heures que je ne regarde plus le chrono), mais je vais mieux. Le mal de tete est parti, le dos va mieux. Je peux reboire. Je peux reforcer, un peu.
Ma VTTiste s’arrete et je reprends la roue d’un dossard bleu, un autre. Toujours pas vu le 044. Je me demande s’il ne faisait que le matin. Vu ma lenteur, il aurait du me doubler maintenant.
1h30 de course, 2 tours que je vais mieux – attention, c’est pas les grands jours non plus. Je n’ai plus de douleur, mais l’energie est au minimum. Je leve le pied a l’amorce des virages (je sais qu’Alain ne regarde pas !). J’ai d’ailleurs perdu les 2 sportifs de vu (Eric est en fait en train de remonter et passer Alain, l’animal).
Maintenant, je compte le nombre de tours restant correctement. Mais 4 ou 5 tours, cela fait long, a la fin de la journee.
Le trafic est plus difficile que ce matin, mais a force, ca passe un peu tout seul. Sauf parfois, je suis totalement deboussole : je freine trop tot, et passe a l’arret ou bien oublie de freiner, et ca passe de justesse. La tete ne suit plus. C’est tres surprenant de voir que les jambes aussi explosees soient-elles, c’est la tete qu flanche en premier. A noter pour la suite…
Le regain d’energie, en surface, me permet d’apprecier la fin de course. Le soleil baisse, il fait bon (pas de pluie en plus !). La vue est parfois agreable.
Bref, ca va mieux. C’est aussi la fin du tunnel !
Allez, je remets un peu le couvert – tres legerement, pour vider tout ce qui reste. C’est bien connu, faut pas gacher ! S’il en reste, c’est pas bien.
Doucement, je monte en cadence, doucement je fais des relances un peu plus soutenues. Ce n’est pas un finish au sprint mais je vide la sac comme il faut. A ce point, je suis incapable de me rappeler si j’ai double mon groupe, ou si je suis reste avec eux.
Le seul truc memorable, c’est que je suis passe sur la ligne d’arrivee 20 a 30 secondes avant le terme des 2h : j’ai gagne le droit de refaire un tour. Quasiment en roue libre, car je n’ai qu’une envie, descendre de cet engin !
Je finis, pose le velo, mange et bois et retrouve les autres. Ils ont l’air bien cuit aussi. Je suis rince de chez rince, mais pas comme ce matin.
Je suis content de ma journee, mais j’ai gere la course comme un cretin. Je savais qu’en ne suivant pas les directives j’allais au massacre physique. Je l’ai bien cherche, et l’ai particulierement bien trouve !
Satisfait, car je pense que cela m’a fait passe un cap.
Satisfait, car je viens de voir que mon copain, le No 044, etait plus en vrac que moi l’apres-midi. Il a finit une minute derriere.
Satisfait, car malgre le passage au fond du puit, je pourrais aller courir… (Mais je suis alle m’asseoir !)

1 comment:

Oribu No Ki said...

- soupirs -

Félicitations à Warrior & Co

(ils sont tous fadas...)