Bon, nous revoilà
au pied du mur – un triathlon avec le strict minimum syndical d´entrainement.
J´ai pu participer cet été (français) au GP Winter dans des conditions
similaires… Sauf que la natation était avec une combi de surf, le vélo avec le
vélo de route normal (heureusement car drafting autorisé), et les mm
chaussures.
L´idée était d´y
revenir en meilleure condition, pour améliorer le chrono, et tenter de placer
ds le top 5 (podium). 2 entrainements de natation depuis 3 mois, une course à
pieds hebdo, et tout aussi léger en vélo : l´état de gras (pas de grâce)
est le même… : (
En tout cas, plus
d´excuse matos :
-
J´ai
la combi de tri, vieille de 6 ans certes, mais toujours fidèle
-
Et
j´ai le contre-la-montre. Pas de drafting cette fois-ci, mais une superbe
patate (montée) à franchir 4 fois sur 20km. Je rigole quand je vois des gars
avec un disque plein à l´arrière : ils vont souffrir, hi hi hi…
Coup de stress
Arrivés la veille, on
profite de la plage, on joue au disque volant (frisbee) et je finis
tranquillement par le brief de course en fin d´après-midi.
Temps pour faire une
dernière vérification du vélo (que j´ai nettoyé avant de l´amener : je ne
sais plus c´est quand la dernière fois qu´il avait pris la route) : vérif
de la chaine + un peu de pression dans les pneus…
Opps, la roue AR ne tourne
pas bien !?
Je m´aperçois que la jante
(carbone) est boursoufflée à un endroit ! Une bosse, sur la piste de
freinage : c´est pas bon !!
Option 1 : j´ouvre
le frein au max et n´utiliserai que l´avant… Avec la patate à descendre et la
mauvaise route, c´est risqué
Option 2 : ….
Je retourne en vitesse au
brief pour tenter de trouver quelqu´un pour me prêter une roue compatible Shimano
si possible. L´organisateur n´hésite pas une seconde : j´aurai une roue au
matin prête pour moi. Cool !
Réveil au petit matin, bien
sûr le jour du changement d´horaire.
P´tit déj rapide avec
Gabriela et Marcelo, et je vais poser le matos à 50 m de l´hôtel – trop
pratique, après avoir mis les décalcos du numéro de course.
Je récupère la roue, une
Mavic – Vive la France – jante alu. Carbone à l´avant, alu à l´AR : ce
n´est pas un concours de style.
Tous les participants se
voient offrir une canette de Red Bull. Pas très fan du truc, je me laisse
tenter par la version Lemon. Je partage avec les garçons maintenant debout. Du
Red bull au p´tit déj : le rêve d´ado !
Particularité de la
course : les quelques pros partent 45mn avant le peuple, en mode contre la
montre : toutes les 30 secondes.
J´en profite pour noter
qu´ils partent plus à droite que nécessaire sur la plage (pas en ligne droite
vers la première bouée). Ils vont donc utiliser le courant latéral pour les
ramener sur cette première bouée. Bien vu. Cela dit, j´ai cru comprendre lors
du brief, qu´il ne fallait pas en abuser, au risque de se faire disqualifier –
selon quel critère, je n´en sais rien.
J´enfile la combi
complètement maintenant, et je vais faire un tour de chauffe à l´eau. Pas trop,
parce que les 500m de veille sont encore ds les bras – pour dire le niveau de
fitness aquatique.
Ca va. Je sens le
courant, je prendrai un peu à droite aussi.
Retour sur la
plage, l´attente est synonyme de ramollissement: j´ai sommeil et la fatigue de
la semaine semble me rattraper. Je tente de m´exciter un peu, le palpitant part
en chamade. C´est pas gagné notre histoire. Je commence un échauffement à sec,
tranquille. Après 10mn, je commence à être mieux, ouf. Le timing est bon, on
nous appelle derrière la ligne.
Comme d´hab, je
me mets au second rang, histoire de laisser les djeuns et les plus excités
faire les fous devant. On a en effet 50 à 100 m à sprinter sur le sable, puis
50m pour rentrer dans l´eau face aux vagues. Rien de tel pour mettre le cœur au
rupteur d´entrée de jeu. Je suis en mode préservation…
Bang, c´est
parti. La dizaine de barj’ est devant. J´arrive à suivre sans me mettre
minable, c´est une bonne surprise. Et une bonne nouvelle, je vais pouvoir
drafter !
Une vague, je
plonge, me relève, cours, replonge… 2 ou 3 fois, et c´est parti. Petit train.
Maintenant que les
vagues s´atténuent, il est temps de faire le point : j´ai un gars déjà
assez loin devant. 2 autres, un peu sur la gauche, pas loin devant. Conclusion :
plutôt devant
-
C´est
bien : mieux qu´au précédent (en juillet), où j´avais décroché du peloton
d´entrée de jeu.
-
C´est
moyen : il faut que j´aille chercher des pieds de suite pour drafter.
En 2 temps, 3
mouvements, je suis dans les pieds des 2 de gauche. Trop à gauche d´une part,
et surtout, je dois passer devant car le rythme n´est pas suffisant. Je double.
On dirait que je
gagne sur le premier. Mais je ne peux (préservation oblige) faire un sprint
pour aller le chercher… Je tente la patience. J´aperçois alors un autre nageur
sur la droite, le filou. Il me semble à ma hauteur. Il faudrait que j´arrive à
l´intercepter avant d´arrivée à la bouée.
J´essaie de poser
la nage, histoire de ne pas me mettre dans le rouge. Je ne me sens pas si mal,
le cardio est ok. Par contre, je sens déjà que les bras (les muscles) seront
les limiteurs dans la partie. On fait le métier, doucement.
Résultat, le gus
de droite se fait la malle, et va rejoindre le leader, sans que je ne puisse
attraper les pieds. Pas grave.
Heureusement, la
première bouée arrive vite, et il est temps de virer à gauche, j´en ai plein
les bras. Les gars se sont faits la malle, personne derrière. C´est le moment
de solitude : pourquoi ne me suis-je pas plus entrainé ? Les bras
sont lourds. C´est dur. Le cœur, ça va. Si je mettais des jambes ? Bof,
pas de jus. Ca va être compliqué le reste de la course, sans jus, …
Je broie du noir
alors que je suis en 3eme position – le comble. Je baisse la tête, et prends
patience. Pas la peine de réfléchir de trop à la technique, sans force dans les
bras, c´est peine perdue.
Enfin la 2nd
bouée ! Je vire, et de suite, ça va mieux. Le moral, et donc les bras
aussi.
Je vise le bâtiment
bleu, sur la plage, devant l´arche de sortie.
Cela me fait
penser à Alain et son avion. J´ai l´impression, et d´ailleurs ce n´est pas
qu´une impression, je dois nager de travers pour garder le bon cap. Les p´tits
copains devant, dérivent sur la droite. Je me demande si je fais le bon
choix : me battre contre le courant pour être en ligne droite, ou laisser
dériver pour aller avec le courant et récupérer le décalage en courant sur la
plage….
Je reste têtu, et
nage de travers, vers mon immeuble bleu. Je me dis qu´il faut remettre des
jambes pour pouvoir préparer la sortie de l´eau. Pas trop de ressource pour le
faire. Je laisse filer, et tenter de mettre un peu d´ordre dans la nage (ne pas
prendre aujourd´hui en exemple).
Je commence à
sentir les vagues. C´est bon. Ca complique un peu la nage et la navigation,
mais c´est sans difficulté. Je tente de regarder quand elles cassent pour
tenter de surfer comme hier avec les garçons. Heu… Y a pas de jus pour mettre
le coup de rein pour prendre la vague… Je continue tranquille.
Je touche le
sable, prochaine vague, je me relève. Et voilà, je me tente de courir. Pas
facile avec de l´eau au-dessus des genoux… Mince, la sortie officielle est à
droite du bâtiment bleu. J´ai fait du zèle. Pas beaucoup, heureusement.
Un gars sort en
mm temps et cours plus vite sur la plage, je sors 4eme.
Lunettes sur le
front, je commence à défaire le haut de la combi, en courant sur le sec. Je
vois les garçons, Marcelo. Pas Sandy – j´ai dû la rater.
J´arrive pas à
sortir un mot !
Après un poigné
coincé, j´arrive enfin me le libérer le buste de la combi. J´arrive au vélo. Le
reste du démoulage se fait bien.
Le GPS :
Allumé, et maintenant dans la poche (je n´ai pas trouvé de petite pochette
étanche pour le prendre sous la combi)
Casque : sur la tête
Lunettes :
Sur le casque, rien à faire
Chaussures :
sur le vélo, rien à faire (j´avais oublié mes élastiques pour tenir les
chaussures droites, j´ai utilisé les bandelettes découpées ds un sac plastique
– assez content de ma Mc Gyver Attitude)
Heu, c´est bon
alors. Je prends le vélo. Oops le dossard. J´enfile la ceinture d´une main,
tenant le vélo de l´autre – tout en style encore.
Hop hop, on trottine
jusqu´à la sortie du parc à vélo. Et j´enfourche ma monture.
J´avais bien mis
sur petit plateau, petite vitesse, ça part comme il faut. Les bourrins
commencent à passer, déjà. Surtout des jeunes semble-t-il. Une fois bien lancé,
j´enfile une chaussure. Puis l´autre. Et je pars en position aéro, en cadence.
Je suis pas exactement power-man sur un vélo, aussi la cadence est mon amie…
On longe la
plage, 2 ou 3 km, avant de prendre un pif-paf au pied de la butte (épaisse).
J´en ai un souvenir assez… raide : je l´ai roulé en juillet, hors course.
Un vrai mur.
Je ralentis au pif-paf,
remonte les rapports, prêts pour monter au train. En rythme, fesses vissées sur
la selle. Je fais 20m, et je suis déjà obligé de mettre le plus petit
braquet : j´ai pas fait 10% de la montée.
Ca se raidit. Je
force. Je ne peux plus, obligé de sortir de la selle. Je me mets en danseuse,
debout sur les pédales. Et la montée ne fait que commencer. Je suis mal. Je ne
comprends pas. Je suis certes insuffisamment entrainer mais là, c´est trop.
Bing, je percute.
Ce n´est pas ma roue, c´est celle que j´ai empruntée : il doit être un
bien meilleur cycliste, avec une cassette plus « dure » (moins de
dents). Raaaaaaaaaaaah….
Moins bête
maintenant, je n´ai plus qu´à souffrir jusqu´au sommet.
Ca devient
VRAI-MENT SA-CCA-DÉ. Un coup de pédale… Après …. L´aut……..reeeee
On zizague tous
en montant. La bonne nouvelle, et ce qui me met au baume au cœur, c´est les 2
gars qui m´avaient doublé sur le plat sont pires que moi ! Je les
reprends ! Youpi !
Les derniers mètres
sont terribles, au point de me demander si je vais arriver à passer au second
tour, quand je serai plus fatigué. Je suis au sommet, j´en peux plus !
Vidé, impossible de relancer de suite. Je laisse rouler un peu. Et me force à
pédaler dans la descente. Ca marche. Je reprends un 3eme gars.
Bon, on est entre
nous, je peux dire les choses : Je fais pas le malin, dès le plat
retrouvé, ils vont me repasser, sans amidon. Peu importe, on redescend, qq
virages, du plat, où je mouline plutôt tranquille. Pas d´effort titanesque,
même la montée au retour est moins dure, moins raide, j´appréhende la seconde ascension
à l´aller.
Me fait encore
doubler. Même pas mal. L´écart est important, je n´essaie même pas de suivre à
distance. La face nord de l´Everest (coté facile ici) se fait presque comme une
fleur. De nouveau, je reprends du monde, en danseuse, mais sans le tutu.
Après, je ne fais
pas le malin : en bas de la pente, virage + gravillons. Je la joue safe.
Alain va m´engueuler… J´ai le temps de remarquer que pas mal de cyclistes,
retardataires de la 1ere vague ou cœur de la 2nd vague, montent à
pieds, la face sud de l`Everest.
Retour sur le
plat et le front de mer. J´en profite pour boire, ma boisson est trop sucrée.
Mais on ne me reprendra plus à ne pas boire assez (voir un épisode précédent).
Je croise
Gabriella qui elle aussi a la gourde à la main.
Demi-tour, et
c´est reparti, pour le second tour. J´ai l´impression d´être moins doublé
depuis le front de mer. Et maintenant, on a du trafic, avec les retardataires
de la 2nd vague. VTT ou autre. Rien de grave, juste vigilance.
Bien en cadence,
j´attaque le pif-paf, et remonte sur les pédales. Pas facile, mais clairement
moins dur qu´au premier tour. Je n´étais pas assez chaud !
Du coup, j´ai
plus de fougue pour relancer depuis le sommet de l´Everest ! Trop bon.
Je garde le mm
rythme, sans me mettre minable, sans être trop facile non plus.
Demi-tour, je
commence à regarder et jauger les gars derrière… Pour la course à pieds.
Enfin, je me
reconcentre vite, dernière ascension de la journée. J´encourage ceux qui sont
ds le premier tour, que je double.
Rapidement de
retour sur le front de mer, et à proximité du parc à vélo, je défais les
chaussures et pédale avec les pieds sur les chaussures. Je descends de ma
fidèle monture, et pars au trot vers les chaussures de course à pieds.
Vélo posé,
j´enlève le casque, et tente d´enfiler rapidement – ça coince – les chaussures,
sans chaussette bien sûr. Avec un peu d´effort, les 2 sont mises, j´attrape la
casquette et c´est reparti.
On me rappelle de
mettre le dossard sur le devant, je fais tourner la ceinture.
Sorti du parc, je
déclenche la montre, chausse la casquette et c´est déjà le ravito. Eau pure.
Trop bon. Je vide le reste dans la nuque, ouvre la tri-fonction dans le dos,
pour maximiser le refroidissement… Il fait beau et chaud. Et c´est parti pour
trois petits (1,7km) tours. Sauf que quand on est dedans, ils sont VACHEMENT
plus longs les tours – bizarre…
On part au trot,
pas trop vite quand même. Je prends mon rythme, quelques gazelles passent comme
des fusées : rien à faire.
3 aller-retours,
disons que l´on lâche les chevaux au dernier retour, pour finir à bloc.
Le premier tour
se fait tranquillement, plus ou moins seul, doublé et plus rarement doublant.
Je croise 2 gamins qui ont ½ tours d´avance. Ils vont se mettre minables. Je
parie sur la chochotte qui reste derrière pendant que l´autre fait le train –
un grand classique.
En parlant de ça,
je me fais doubler doucement par un jeune, un peu fou-fou. J´accroche, puis il
part fort, puis relâche. Bref, il fait n´importe quoi.
Là c´est un homme
plus mûr qui passe à bonne allure. Je tente ou pas ? Aller ! Pas le
temps de calculer, cela semble une bonne occasion.
Le jeune saute du
coup, et je reste dans les basquets de l´homme en bleu. Heu… Le changement de
rythme est important quand même (traduction : ça fait mal !!). Aller,
c´est pas grave. On va s´habituer.
On entame le 2nd
retour, soit la moitié de la course á pieds. Et je suis dans le dur 1
aller-retour plus tôt que prévu, le bourrin.
300m plus loin
(qui font une éternité), je suis bien. Je ne sais pas si c´est le Blue man qui
souffre, ou si c´est moi qui ai passé un seuil. Toujours est-il que je serai
presque à le déposer. Mais soyons lucide, vu le grand état de forme (faible),
il vaut mieux être prudent.
On arrive à la
dernière boucle, jusque-là, le rythme est devenu supportable. Ravito – de l´eau
– ça fait du bien ! Et mon ami remet le couvert. Le rythme s´intensifie et
me revoilà au rupteur. « La journée commence à être longue »,
« J´en peux plus »… Autant de réflexions viennent à l´esprit à ce
moment. Alors qu´au contraire, c´est maintenant qu´il faut faire l´effort.
Comme dirait Sullivan (cf. partie de Monopoly où il était en train de me
ruiner), « je n´ai pas tout ça pour rien ».
Donc, on sert les
dents, redresse le buste, pense à sa foulée, et on ne lâche RIEN.
200 ou 300m plus
loin (il reste un ½ aller + 1 retour), le rythme se calme – enfin. C´est
l´occasion : je me dis qu´il vient de jeter ces derniers atouts lors de
cette relance. J´attaque – doucement. Je me décale, et passe aussi rapidement
que possible – mais c´est très lent en fait. Je n´ai plus grand-chose dans le
sac. Mais c´est en tout cas, plus que mon ami.
Maintenant, il ne
faut plus réfléchir, du tempo, du tempo, du tempo.
Je reprends les
mêmes thèmes que pendant la relance, sauf que je suis devant. Du coup, ça aide
au moral.
Je guette le
point de retour avec impatience, parce que la machine chauffe ! En plus,
c´est vrai qu´il fait chaud et beau !!
Demi-tour, et
c´est l´opportunité de faire le point de la situation : va-t-il falloir
finir au sprint pour se défaire de l´homme bleu ?
C´est bon, il a
décroché !
Le contrecoup de
cette bonne nouvelle, c´est qu´il va falloir soutenir le rythme seul
maintenant, trop dur ! Le gars devant est assez loin. Je peux peut-être le
prendre en chasse.
Le jeune fou-fou
apparait maintenant, il a apparemment levé le pied. C´est une bonne cible. Et
rapidement, je le reprends. Mais le même gars devant reste à distance, je
n´arrive pas à faire fondre l´écart. Le cardio est au taquet, les jambes sont
lourdes. On maintient l´effort.
J´arrive, enfin,
à voir le finish, donc on accélère pour vider les réserves. Il ne reste plus
rien, mais le geste est beau (c´est le principe qui compte, d´accord !).
Je passe
l´arrivée en souriant au photographe. Mais ce n´est que pour me prendre le
poids de l´effort 5 m plus loin – que c´est dur quand on manque de fitness !
Natation: 13'20
Vélo: 37´30
Course à pieds: 21´44
Total: 1'13'30
Quelques vidéos:
Out of water
Bike run trans
Finish