Petit trail de 18.5km qui signifie surtout une remise au niveau pédestre… En d’autres termes, ce trail était une étape pour valider que je suis bien revenu en forme et surtout capable de courir un peu long.
L’objectif était donc de finir, et ensuite de bien gérer l’effort (partir tranchil’ et lâcher les chevaux si l’état de forme le permet…).
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Pour corser le deal, je prévois d’aller rejoindre Renaud en vélo avant de retrouver le gang de l’ESR au départ (Entente Sportive Renault). Petit échauffement de 50mn à l’arrivée sur place : j’étais assez rincé de la sortie vélo de la veille (plus de 3hr avec plein de montées…). Pas terrible pour lâcher les chevaux s’ils sont restés dans les ascensions cyclistes.
Pas grave, nous allons au départ, et retrouvons d’autres personnes Renault (il y avait parait-il une cinquante de Renault au départ !) malgré les presque 3000 participants.
Sur la ligne de départ, Renaud se faufile devant. Je préfère rester dans la masse – mon niveau (actuel, j’espère) ne me permet pas de m’aventurer devant…
Le départ est donné dans la bonne ambiance et nous partons tranquillement sur la route, vers le premier château. Le rythme est cool, beaucoup de monde, on cherche un peu sa place pour courir.
Dès que l’on sort du village (Chevreuse) pour rallier le premier château, le flux devient normal. Certains doublent comme des balles sur les cotés, d’autres auraient dû être beaucoup plus conservateurs et partir derrière.
La matinée est belle, à peine fraiche : une belle sortie en perspective. Je cours seul, au milieu de centaines d’autres coureurs, dont certains sont déguisés. Ce n’est pas sans rappeler le Marathon du Médoc !
Allez, j’ai déjà dépassé le premier km en 5’40. Vraiment pas terrible, mais totalement prévisible compte tenu du bouchon au départ. A la veille de la course, je me demandais si j’arriverai à faire mieux que 5mn/km. J’admets, c’est un petit objectif.
Vers le second ou le 3ième km, nous quittons la route (enfin) pour rentrer dans le parc du premier château. Et là, c’est le bonheur :
- terrain meuble mais pas (trop) boueux, tout le monde trottine gentiment.
- Corps de chasse devant le château : 4 personnes en tunique rouge (excusez mon ignorance sur le vocabulaire ici…) qui sonnent la chasse.
Moment fantastique.
On passe en descente, avec certains endroits étroits. Ces derniers sont en général également boueux. Bref, petite montée en tension pour ne pas tomber et ne pas se faire pousser dans les ronces ou autres troncs d’arbre.
Je contrôle le cardio, j’aimerai rester à 130 puls/mn mais l’excitation et l’envie de courir avec le flot sont fortes… Je traine plutôt dans le 135.
Tout va bien.
Nous sortons du parc et passons en montée vers le 2nd château.
Voilà le premier dilemme. A 130 ~135 puls/ min, je suis plutôt tranquille en rythme. Mais, le conserver en montant me faire monter en rythme cardiaque. Je tiens à respecter ma stratégie et faire au moins les 10 premier km sans trop me vider. Donc, pour rester au même niveau cardiaque, il faut ralentir – plus. Je vais finir par m’arrêter à ce rythme !
Le cordon de coureurs s’étend loin devant, et certainement loin derrière aussi. Dans le flux de ce faux plat, la tendance est plutôt de me faire rattraper. Peu importe, on garde le frein.
Tous les km ne sont pas indiqués, j’arrive à suivre tous les 2 ou 3 km. Les temps varient en 5 mn et 5’30/km. Comme ça monte un peu, je considère cela raisonnable.
Nous sommes de retour sur du bitume depuis un petit moment, petite cote et je sais que nous arrivons au second château. Renaud m’avait expliqué le parcours.
On entend de la musique là aussi… Par contre, c’est un peu décalé alors que l’on atteint l’entrée du parc (du château) : c’est un groupe de hard rock.
Je passe la grille et tente d’écouter pour savoir s’ils « chantent » en français ou en anglais… Désolé, nous ne le saurons jamais !
Divertissement passé, je prends un morceau de barre : il y a une belle cote qui arrive bientôt, dixit Renaud. Il a un ravitaillement, un verre en passant – je continue sans m’arrêter.
Doucement, la pente s’incline. Je reste prudent quant à l’effort car toujours dans les 10 premiers km : Malgré le train conservateur, je commence à rattraper du monde (il y en a aussi quelques uns qui me doublent, mais ils sont maintenant peu nombreux).
Je retrouve Christian de l’ESR et presque dans le même temps un gars de St Cyr – club de tri.
Je ne le connais pas encore : c’est José. On papote un temps et je quitte mes deux compagnons.
La pente est maintenant bien raide, j’ai rétrogradé la vitesse : petit rapport, et ça monte tout seul. Le palpitant est raisonnable pour l’effort. Cela me rassure.
Alors que la pente continue à raidir et que la durée de l’ascension commence à compter, je double de plus en plus. Même ceux qui m’ont doublé, sur le plat.
Moi, j’aime bien doubler !
Entre la boue et le manque de place, cela (doubler) est parfois difficile. Après avoir fait quelques temporisations (attendre la bonne occas’ pour passer), je commence à m’impatienter… D’autant qu’un gars double par la gauche, alors que je fais de même par la droite. On court en fait au même rythme depuis quelques épingles.
Je me pique au jeu, et je pense que lui aussi. On double de plus en plus, sans la moindre temporisation. Et les jambes suivent…
Sur les derniers virages, mon ami d’ascension se fait apparemment coincé et perd un peu de terrain.
Arrivé au sommet de cette cote, je constate que les pulsations sont quand même montées (approx 150), que les jambes ont toujours l’air pleines de ressources, et le vent est fort et frais. Du coup, je reprends le rythme jogging pour redescendre ASAP sous 140 puls/mn et remets le T-shirt manches longues que j’avais enlevé, peu après le départ.
Toujours un grand moment quand on enfile un T-shirt en courant, en particulier en foret !
De nouveau en bridage, je passe les bosses sans problèmes. A une borne kilométrique, je constate que je suis proche des 5mn/km malgré la montée : voilà une bonne nouvelle.
On file maintenant sur le plateau, en lizière de forêt. Troisième château en vue. Morceau de barre, verre d’eau, groupe de rock (plus classe que les hard rockeurs à 2 balles), et on continue (pas d’arrêt, bien sûr).
Au 10km, j’en suis à 51’36. Les jambes vont bien, le cœur est sous contrôle et enfin, la tête est au top. J’ai le droit d’ouvrir un peu les gaz… L’objectif, que je partage avec mes compagnons du moment : 1’36 à récupérer sur les 8.5 km restants. A la grosse, j’arrive (et c’est bien là une exception en course) à faire le calcul : il faut faire 4’49 au km jusqu’à la fin. Cela me semble jouable !
On arrive dans un coin que je connais. Nous étions venu avec Renaud & José faire un tri-brick quelques semaines avant l’Ironman de Frankfurt (pour eux 2). On repasse à l’abri du vent, dans la forêt, mais le parcours nous amène bientôt au milieu des champs. Et en cette saison, il n’y pousse que du vent – quasiment en pleine face.
Cela ne m’ennuie pas – c’est le même vent pour tout le monde.
Comme c’est la seconde moitié de course, je peux commencer à monter en régime. Je double quelques gars, et certaines dames, parties 20mn plus tôt. J’encourage tout ce beau monde en passant. Les plus vaillants sautent « dans la roue » pour drafter, pour se mettre à l’abris du vent.
Cette croisée du désert, enfin, des champs, doit faire 1,5 à 2km. J’en fais ainsi environ la moitié plus ou moins seul (devant, le cheval blanc…). Alors, un petit gars en vert me double assez rapidement… (la souris fait tourner la roue, la roue bouge, l’ampoule s’allume là-haut) : c’est l’occasion, à mon tour, de drafter.
Il a pris quelques longueurs d’avance, mais je reviens vite. Je récupère pour me rendre compte qu’il pousse fort. Et en toute honnêteté, je lui dis : il va trop vite pour que je puisse prendre des relais, je reste à l’abri. Je monte dans le rouge à rester accrocher, courant parfois derrière, parfois un peu sur le coté en fonction du vent qui tourne…
Les pulsations montent à plus de 150 /mn. C’est pas bon, ça… Que faire, raisonnable et je décroche, ou bourrin et je m’accroche pendant 700m ? Je reste donc dans ses basquets, serrent les dents pour tenir jusqu’au bout.
A l’entrée du village, où nous retrouvons un peu d’abri, je le remercie et le laisse filer. Il faut que je récupère car je ne peux pas continuer 6 km ainsi !
(après vérification, non seulement le vent était de face, il y avait aussi un faux plat).
Je continue avec les personnes qui m’entourent alors. Je commence à réfléchir sur le temps final. Moins de 1h30 serait sympa… Mais ça veut dire que je dois récupérer bien plus que les 1mn30. Je sors la calculette. 500m, en courant à 5mn/km ça me fait 2mn30, plus les 1mn 30 des 10 premiers km = 4mn… 4 mn sur 8 km… aie, j’arrive plus. 4mn, en secondes, 240sec, divisé par 8… 30. 30 sec par km à gratter. Pas facile.
Le rythme cardiaque retombe un peu. Bien qu’émoussé après avoir décroché du lièvre vert, je suis en pleine forme. Un peu l’impression d’avoir nettoyé la tuyauterie…
On est à 4,5 km du finish maintenant, et le parcours est descendant.
Après avoir été raisonnable, je peux enlever le frein. Rien de frénétique, mais je gratte du monde, toujours encourageant, ou tapant la causette au passage… C’est mon style. J’enlève les manches longues : la chaudière est en température. 145 pul/min et certains km sont faits en presque 4mn/km. C’est quasiment sûr, j’arriverai à avoir moins de 5mn de moyenne sur toute la course.
Même si je m’inquiète un peu sur le plat final, je décide de me laisser aller à l’excitation de course et ne plus retenir maintenant – il reste 3km.
Je double en pagaille – et personne de me rattrape. Quand ça bouchonne, je saute sur le coté (pas le temps de temporiser maintenant), ronces ou orties ne faisant que stimuler la circulation sanguine !
Je double un gars en T-shirt orange, comme le mien. Je le regarde quand je l’en félicite. C’est un gars du boulot : on se connait ? Non, il me dit. Si, si, tu bosses chez Renault, non ? Oui, … Bref, j’avais raison… Pas facile sans la cravate !
Allez, le rythme est maintenant pas loin d’être effréné.
Combien reste-t-il ? 2 à 2.5km. Les compagnons de route confirment.
Tout va bien, je pousse bien et les jambes, la respiration et le cœur suivent bien. Et ça continue de descendre légèrement – trop facile.
Enfin, je m’inquiète un peu de la fin – ce doit être plat – je me demande si je vais pouvoir soutenir le rythme.
Ca bouchonne un peu alors que l’on arrive proche du dernier château, celui de Coubertin. Un « petit » gars déboule de l’autre coté du groupe bloquant le passage – je sais pas d’où il sort. C’est pas normal, ça. On me double ! Alors, je lui dis : non non, t’as pas le droit, c’est pas parce que t’es petit que t’as le droit de doubler ! (Je sais ce n’est pas très malin comme commentaire, mais en fin de semaine, fin de course, …). En tout cas, je ne sais pas si je lui ai fais peur (je lui ai bien sûr dit que je rigolais), mais il s’est vite rangé et s’est laissé doublé…
J’arrive dans le parc du 4ième château avec du plat, voire quelques bosses ou ondulations du terrain. Les jambes tiennent toujours, c’est génial.
Par contre, je suis vissé sur le parcours, la foulée, les gens à doubler et avoue ne pas avoir bien vu le détail de ce château-là…
Mais même un peu à la masse, je reconnais de suite mon copain des champs, le p’tit bonhomme vert qui envoyait comme une bête face au vent. Incroyable, je le rattrape.
Re-salutations et je lui suggère de s’accrocher. Il le fait ! On n’a pas idée – c’était juste pour être poli que je disais ça.
On sort du parc, faisant demi-tour pour reprendre la piste cyclable : il reste 1,5km et le p’tit homme vert est scotché, dans ma foulée.
La piste est un peu étroite et le trafic assez important. On double par l’extérieur, il a repris du poil de la bête et on est cote à cote.
« Dernier km » dit le panneau.
Il relance encore, je réplique – ça va mal se finir cette histoire… On double comme des fous : assez amusant de se tirer la bourre en slalomant entre les autres coureurs.
Je suis d’autant plus content que cela signifie que j’ai raisonnablement bien géré mon effort : encore du jus à la fin.
Bon, disons 800 m à faire, avec une petite bosse. Qu’est-ce que je fais ? On finit ensemble ? Ou je tente de me l’faire – c’est une course à la fin !
Il ne rechigne pas à relancer depuis quelques minutes, alors pourquoi se priver.
Dès que ça commence à monter, à approximativement 500 m maintenant, j’envoie tout ce qu’il reste : je pars en sprint. Grandes foulées, je pense que ce ne doit pas être très élégant à voir : une grande saucisse fatiguée qui tente d’accélérer, tout un programme.
Bref, la montée & l’accélération ont fait l’effet voulu, j’ai fait le trou et peux donc poursuivre vers le dernier virage.
J’ai envie de lever le pied, mais ne le fais pas. Et à 10m de l’arrivée, alors que je continue, je me fais griller par un gars… Terrible – je ne l’ai pas entendu celui-là…
Top chrono : 1’27. Super !
Surtout content de l’état à l’arrivée – bien bourriné à la fin, et relativement frais au finish. C’est de bon augure pour la suite.
Je retrouve les Renault boys, dont Renaud ; Il a bien gazé avec ses 1h19. Ce qui me laisse une belle marge de progression… : )
3 comments:
Bonne reprise pour cette remise dans le bain et toujours aussi agreable à lire
Ta maman a raison: c'est toujours aussi sympa à lire. J'ai revécu la course, repris qq pulses en lisant. Merci pour le récit. La semaine prochaine: étalonnage sur un 2 x 4km sur piste. Bises. Renaud
besoin de verifier:)
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